GESTION
Organiser l'inventaire
physique des stocks
L'inventaire physique
des stocks doit être effectué dans le respect des règles légales et
selon des modalités assurant une fiabilité satisfaisante.
En cette période de clôture d'exercice, nous répondons aux questions que
vous vous posez le plus souvent à ce sujet.
DATE ET FRÉQUENCE
DE L'INVENTAIRE
L'inventaire
physique doit-il être réalisé le
jour de la clôture ?
L'entreprise est tenue
de contrôler par inventaire, au moins une fois tous les douze mois,
l'existence et la valeur des éléments actifs et passifs de son patrimoine
(c. com. art. L. 123-12). En conséquence, l'obligation posée par la loi porte sur la
périodicité de l'inventaire physique et non sur sa date.
Lorsque l'entreprise n'a pas mis en place un système d'inventaire permanent, l'inventaire
doit normalement être réalisé à la date de clôture. Toutefois, il est admis
que l'inventaire puisse être réalisé,
pour des raisons pratiques, quelques jours avant ou après la date de clôture
de l'exercice. Il en va de même fiscalement (rép. de Pierrebourg, JO 2 août
1956, Déb. AN quest. p. 3826 ; doc. adm. 4 A 2513-5). Dans ce cas, il
appartient à l'entreprise de recenser
précisément les mouvements de ses stocks entre les dates d'inventaire et de
clôture afin de déterminer le niveau de ceux-ci à la date de clôture.
Une procédure
d'inventaire permanent permet-elle de se dispenser d'un inventaire physique complet à
la date de clôture ?
Lorsque l'entreprise dispose d'un système d'inventaire permanent fiable,
c'est-à-dire permettant notamment, d'une part, de s'assurer de l'existence
et de l'appartenance des stocks, d'autre part, de détecter leur qualité et leur degré de
rotation, la réalisation d'un inventaire physique complet à la date de
clôture de l'exercice n'est pas obligatoire (CNCC, bull. 83,
septembre 1991, p. 397). Dans ce cas, l'entreprise peut alors effectuer :
- soit un inventaire
physique complet ne coïncidant pas avec la date de clôture. Une
période avec une activité réduite et des quantités en stock faibles peut
donc être retenue. L'écart entre la date de
prise d'inventaire et celle de la clôture de l'exercice ne doit pas
alors être trop important. Il semble qu'un délai de deux à trois mois entre
ces deux dates constitue un écart maximal (CNCC, bull. 68, décembre 1987, p.
489),
- soit des inventaires
physiques appliqués à une partie des stocks et dont les résultats
sont rapprochés des données issues de
l'inventaire permanent (inventaires tournants couvrant la totalité des
articles ou inventaires effectués selon une méthode d'échantillonnage
statistique rigoureuse et fiable) (CNCC, bull. 83 précité).
Du point de vue fiscal, l'entreprise doit alors
justifier, par une méthode appropriée, la
fiabilité de son évaluation à la date de clôture de l'exercice (par exemple,
par la tenue d'un inventaire permanent entre ces deux dates) (CE 26 juillet
1991, n°; 112906).
ÉLÉMENTS À INVENTORIER
Peut-on
exclure du comptage certaines catégories de stocks (stocks non
significatifs, par exemple) ?
Le recensement des quantités en stock doit porter, en
principe, sur l'ensemble des éléments constitutifs du stock faisant partie
du patrimoine de l'entreprise. En cas
d'inventaire tournant, le programme des comptages doit permettre
d'inventorier tous les éléments au moins une fois par an.
Cette règle vaut tant au niveau fiscal que comptable. Il
n'est donc pas possible, en principe, d'exclure des opérations de
recensement physique certaines catégories d'éléments du stock considérées
comme non significatives au niveau des comptes annuels.
Sont donc soumis au comptage tous les éléments
constitutifs du stock, quels que soient leur nature ou leur état
d'avancement : marchandises, approvisionnements, en-cours de fabrication,
travaux en cours, produits semi-ouvrés, produits finis et emballages.
La méthode de l'échantillonnage statistique a toutefois
été admise par le Conseil national des commissaires aux comptes et la
régularité du contrôle ne peut être admise dans ce cas que si celui-ci se
fonde sur une méthode rigoureuse et fiable permettant notamment, au moyen
des lois de probabilité utilisées en statistiques, de mesurer le risque
d'échantillonnage. Ces exigences impliquent une méthode qui n'est sans doute
pas à la portée de toutes les entreprises (CNCC, bull. 83 précité).
L'inventaire se limite-t-il aux stocks situés dans
l'entreprise ?
L'inventaire physique
porte non seulement sur les stocks situés dans les magasins et ateliers de
l'entreprise mais également sur les stocks détenus, à titre de dépôt,
par des tiers. Mais, parallèlement, il convient aussi de dénombrer
séparément les stocks détenus par l'entreprise et qui ne sont pas sa
propriété lorsqu'il s'agit de marchandises acquises avec une clause de
réserve de propriété.
De même, les marchandises ou autres produits en cours de
route (en provenance d'un fournisseur, à destination d'un client) doivent
être inclus dans l'inventaire de
l'entreprise qui en est juridiquement propriétaire à la date de la
clôture des comptes ; à cet effet, il convient de se reporter aux conditions
d'achat ou de vente.
Une bonne
procédure d'inventaire : les points
essentiels
Les deux principes fondamentaux qui permettent
une bonne connaissance des existants dans les entreprises sont (CNCC, note
d'information 5 « Observation physique ») :
- la
tenue d'un inventaire permanent ;
-
l'existence et la bonne application de procédures de prise d'inventaire
physique.
Les petites et moyennes entreprises utilisent
rarement le système d'inventaire
permanent et cette absence rend encore
plus nécessaire la présence de
procédures et d'instructions d'inventaire rigoureuses.
La procédure d'inventaire doit permettre de prévoir toutes les situations susceptibles d'être rencontrées
pendant la prise d'inventaire et ainsi résoudre les difficultés éventuelles. Elle doit être écrite afin d'être communiquée et
expliquée aux équipes de comptage.
L'organisation des inventaires dépend de la nature de l'activité et des stocks.
Elle est donc variable selon les entreprises ; toutefois, les grandes lignes
suivantes peuvent constituer le cadre
de toute procédure d'inventaire (CNCC, note d'information précitée) :
- choix d'une date ainsi que des horaires de commencement,
- préparation des lieux de stockage,
- personnel chargé de l'inventaire,
- arrêt des mouvements pendant l'inventaire,
- dénombrement et saisie de l'inventaire,
- centralisation et suivi des quantités,
- procédures de séparation des exercices.
ORGANISATION DE
L'INVENTAIRE
Quelles sont
les personnes habilitées à procéder au comptage ?
Pour être un élément
efficace du contrôle interne de l'entreprise, l'inventaire ne doit
pas normalement être réalisé par les seules
personnes ayant la charge du magasinage et, le cas échéant, de la tenue de
l'inventaire permanent. À cet effet, il est utile de faire participer à la prise d'inventaire
physique des collaborateurs d'autres services : comptabilité
générale, service commercial, ateliers de production.
Exemple :
Suivant la nature et
la quantité des éléments en stock, les opérations d'inventaire
peuvent nécessiter plus ou moins de temps. Sur la base des expériences
antérieures, il convient de mettre en place un nombre de personnes suffisant pour réaliser
l'inventaire dans les délais impartis.
Si la taille de l'entreprise ne permet pas d'assurer
correctement cette séparation de fonctions, il peut être utile de prévoir
une supervision par l'expert comptable dans le cadre de sa mission de
préparation des comptes annuels. Si l'entreprise est soumise au contrôle
légal d'un commissaire aux comptes, ce dernier inclut généralement dans ses diligences normales l'assistance aux
opérations d'inventaire. En toute hypothèse, la présence d'un
professionnel externe est un élément
important de fiabilité de la procédure d'inventaire physique des stocks.
Quelles
dispositions doivent être prises pour l'aménagement des locaux ?
Les zones où se trouvent les articles à inventorier
doivent être correctement rangées : regroupement par lots homogènes
nettement isolés les uns des autres. Cette condition est normalement
satisfaite dans les magasins ; en revanche, dans les ateliers, il n'en est
pas toujours de même et une phase de mise en ordre préalable aux comptages
est souvent nécessaire.
La procédure devra mentionner le plan du site de
stockage avec l'affectation des zones de stockage par équipe. Avant le
démarrage des comptages, une visite exhaustive des zones devra être
effectuée afin notamment de contrôler que :
- les stocks sont correctement rangés et identifiables
(étiquettes, etc.) ;
- la définition, pour chaque type d'article inventorié,
des unités de comptage est précisée (poids, mètre linéaire, unité) ;
- les stocks appartenant à des tiers et les stocks
endommagés ont été séparés.
Comment
fiabiliser le comptage des quantités ?
La fiabilité des relevés de comptage remis par les
inventoristes repose en partie sur l'adéquation des moyens d'identification
(clarté et exactitude des références portées sur les articles ou lots
d'articles, connaissance des articles à inventorier par les inventoristes)
et de la qualité des feuilles de comptage.
Exemple :
Dans le cadre de petites et moyennes entreprises, il
est généralement préférable de remettre aux inventoristes des documents sur
lesquels sont déjà indiquées les références des articles en stock et les
unités de comptage. Si le stock est tenu de
façon informatisée en inventaire permanent, on peut à cet effet tirer
une édition de l'état des stocks, en prenant soin de faire disparaître les
quantités théoriques de façon à ne pas influencer les inventoristes.
Les unités de comptage des différents articles doivent
être cohérentes avec celles retenues pour la valorisation des stocks et être
clairement portées à la connaissance des inventoristes : à l'unité, au 100,
au mètre,... Ce point est très important, car les erreurs découlant d'une
imprécision à ce niveau peuvent être très significatives. Eu égard aux
unités de comptage utilisées, il convient de mettre à la disposition des
inventoristes des moyens appropriés : bascules correctement étalonnées...
Les inventoristes reportent les quantités recensées pour
chaque lot compté sur la ligne de l'article correspondant et, après s'être
assurés que tous les lots relevant de leur secteur ont bien été recensés,
ils procèdent à la sommation des quantités portées sur chaque ligne.
Le bon déroulement de cette phase des opérations d'inventaire dépend
de la qualité des feuilles de comptage établies par les inventoristes.
Dans le cas d'une prise
d'inventaire réalisée par un seul inventoriste ou une seule équipe
d'inventoristes opérant conjointement, le document obtenu représente
l'ensemble des stocks de l'entreprise. Dans le cas où l'importance ou la
dispersion géographique des stocks rendent nécessaire la collaboration de
plusieurs inventoristes ou équipes d'inventoristes intervenant sur des
secteurs différents, il convient de procéder à la centralisation des états
préparés par chaque équipe pour obtenir l'ensemble des stocks de
l'entreprise, en ayant soin, le cas échéant, d'ajouter les quantités
détenues par des tiers pour le compte de l'entreprise.
Comment
procéder au comptage des en-cours de production ?
L'identification et le comptage des en-cours de
production présentent des difficultés particulières. La première mesure qui
s'impose consiste à limiter au maximum les
en-cours au jour de l'inventaire physique. Toutefois, cette solution
n'est pas toujours possible et il convient de définir une méthode propre à
cette catégorie de stocks et adaptée au processus de production de
l'entreprise.
Comment éviter
les risques d'omission ou de doublon ?
Chaque article en stock doit être recensé une fois et
une seule. Pour s'assurer du respect de cette exigence essentielle, les
mouvements doivent être arrêtés pendant
l'inventaire. Durant cette période, il faut donc proscrire toute
activité de production ainsi que les expéditions ou réceptions.
En outre, il est recommandé de marquer clairement les
lots comptés de façon à éviter une seconde prise en compte et à permettre de
détecter, à l'issue des opérations, les lots non marqués qui n'auraient pas
été recensés. Le risque d'omission ou de doublon est particulièrement
important lorsque plusieurs équipes se partagent les travaux de comptage ;
dans ce cas, il convient de délimiter très précisément les zones sous la
responsabilité de chaque équipe.
De même, les relevés de comptage doivent être numérotés
en continu.
Que faire en cas d'écart entre l'inventaire permanent
et les quantités comptées ?
Si l'entreprise tient un
inventaire permanent de ses stocks, il est intéressant de comparer
pour chaque article les quantités comptées et les quantités théoriques ;
pour que cette comparaison soit significative, il convient d'avoir enregistré dans l'inventaire permanent
tous les mouvements de stocks antérieurs à
la date de l'inventaire.
Pour les articles faisant ressortir des différences
significatives, il est nécessaire d'effectuer un nouveau comptage afin de
s'assurer de l'exactitude des quantités recensées. Pour permettre ces
comptages de contrôle dans les meilleures conditions de sécurité, il est
souhaitable de ne redémarrer l'activité qu'après avoir déterminé les
quantités physiques centralisées. Si les contre-comptages et le contrôle des
reports et sommations des quantités comptées sont satisfaisants compte tenu
des quantités théoriques, il convient de rechercher, dans la mesure du
possible, les raisons des écarts constatés, avant d'accepter définitivement
les quantités comptées.
Comment
s'assurer de la cohérence avec la comptabilité générale ?
La photographie du stock
à la date de clôture des comptes annuels, obtenue au travers de l'inventaire
physique, doit être cohérente avec les écritures d'inventaire enregistrées en
comptabilité générale à la même date. Cette cohérence est
indispensable au respect du principe d'indépendance des exercices, qui
impose que soient rattachés à chaque exercice les charges et produits le
concernant. À cet égard, il est important que le responsable comptable soit
associé aux opérations d'inventaire
; en effet, ce dernier doit s'assurer que les dernières livraisons reçues
des fournisseurs (la fiabilité du datage des bons de livraison ou de
réception s'avère alors essentielle) ont bien été passées en charges (par
comptabilisation des factures correspondantes ou par constatation de
factures à recevoir) et que les dernières expéditions aux clients (qui
devront faire l'objet d'un bon de sortie ou d'expédition daté) ont bien été
constatées en produits (par enregistrement dans le journal des ventes ou par
constatation de factures à établir).
Dans le cas où un arrêt total de l'activité n'est pas
possible, des mesures particulières doivent être prises pour assurer la
cohérence entre les positions comptables à la date de clôture et les stocks
inventoriés.
Peut-on sous-traiter les opérations d'inventaire ?
Rien n'oblige
l'entreprise à procéder elle-même aux opérations d'inventaire. Elle
fait d'ailleurs souvent appel à des entreprises de travail temporaire pour
augmenter le nombre d'inventoristes nécessaires. Mais elle peut aussi avoir
recours à des entreprises spécialisées. Leur caractéristique est de pouvoir effectuer l'inventaire dans les
entreprises dont les produits sont identifiés par des codes-barres,
ce qui est plus courant dans le secteur de la distribution.
L'avantage d'un tel système est sa grande souplesse, ces
équipes pouvant travailler de nuit, dimanche et jours fériés. L'entreprise
dispose également du matériel spécialement
adapté à la prise de l'inventaire (terminaux portables équipés de lecteurs
laser pour la saisie de l'inventaire). Les équipes peuvent,
au choix de l'entreprise, procéder à l'inventaire complet ou réaliser
l'inventaire conjointement avec son personnel ou ne louer que les
machines.
Les critères de sélection pour de tels prestataires sont
les mêmes que pour un fournisseur habituel (prix, prestations, réputation,
solidité financière, certification qualité...). Pour évaluer le coût de
cette sous-traitance, il faudra aussi tenir compte de la perte de chiffre
d'affaires qui peut résulter de la fermeture d'un point de vente pendant les
heures normales d'activité lorsque la réalisation de l'inventaire physique
est effectuée en interne.
Article paru le 12/2003
http://www.grouperf.com/
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