"L’analyse de
la valeur est une méthode de compétitivité organisée et créative
visant la satisfaction du besoin de l’utilisateur par une démarche
spécifique de conception à la fois fonctionnelle, économique et
pluridisciplinaire."
L’analyse de la
valeur
est une méthode de travail en groupe pour concevoir ou optimiser un produit
afin de satisfaire au mieux les besoins des utilisateurs au
meilleur coût.
Elle permet :
·de concevoir, au coût le plus faible, un produit
parfaitement adapté aux besoins des utilisateurs,
·d'améliorer la qualité d'un produit sans en augmenter
le coût et sans réduire le niveau des services rendus,
·de rechercher des solutions créatives qui répondent
uniquement au besoin du client et qui permettent de faire des économies.
L'analyse de la valeur est caractérisée par
l'utilisation de méthodes participatives qui permettent de
traduire le besoin du client, non pas par un produit mais par des fonctions
utiles. Le produit et sa valeur sont ainsi définis sur la base
de ces fonctions qui satisfont au mieux le besoin du client.
La recherche du meilleur rapport "qualité / coût"
permet ainsi de répondre à un double objectif de satisfaction
et de compétitivité.
Le besoin est défini comme une nécessité ou un désir
éprouvé par un utilisateur. Il peut être exprimé ou implicite.
La définition du besoin permet de préciser les véritables
services à rendre et de poser le problème à son plus juste niveau.
Les fonctions attendues d'un produit permettront de répondre
à un besoin.
Fonction
Action d’un produit ou de l’une de ses composantes,
exprimée exclusivement en terme de finalités. La fonction se définit
par chacun des services attendus.
On distingue deux catégories de fonctions :
·les fonctions principales : celles pour
lesquelles le produit est effectivement conçu en réponse à un
besoin. Ces fonctions sont la raison d'être du produit (un téléphone
doit permettre de communiquer à distance, une lampe doit fournir de
la lumière...)
·les fonctions secondaires qui se
subdivisent en :
-
fonctions techniques : résultent des solutions et des choix de
construction et de conception adoptés.
-
fonctions de contraintes : imposées par le commanditaire, ou
par des règlements, des normes...elles résultent d'une limitation de
liberté de conception du produit.
-
fonctions d’usage : attachées directement à l’utilisation
du produit (un téléphone doit être maniable, une lampe stable...)
-
fonctions d’estime : éléments subjectifs résultant de
motivations psychologiques esthétiques, de la mode, du snobisme...
-
fonctions "inutiles" : introduites spécifiquement
par le constructeur ne se justifiant pas mais qui permettent une différenciation
du produit.
C'est l'élément concret qui est fourni à un
utilisateur pour répondre à son besoin à travers la satisfaction
des fonctions.
En analyse de la valeur, le terme produit est pris au
sens large c’est à dire aussi bien le produit matériel que le
service, le processus industriel ou organisationnel.
Terminologie
(suite)
Coût
Le coût d’un produit est l’ensemble des dépenses
engendrées pour obtenir un produit et pour le vendre.
On retrouve le principe de la ventilation entre les coûts
directs et les coûts indirects :
coûts
directs
coûts
indirects:
·main d’oeuvre
·services fonctionnels
·matières
·bâtiments
·amortissement des outils...
·frais financiers...
Qualité
La qualité est l'ensemble des propriétés et
caractéristiques d'un produit ou service qui lui confèrent
l'aptitude à satisfaire des besoins exprimés ouimplicites.
Valeur
Jugement porté sur un produit
sur la base des attentes et des motivations de l’utilisateur. Elle
est exprimée par une grandeur qui croît lorsque la satisfaction du
besoin de l’utilisateur augmente et/ou que la dépense afférente au
produit diminue.
La définition de la valeur
est souvent réduite à la notion de prix de vente.
Dans les faits, la notion de
valeur recouvre cependant des notions plus subjectives. La notion de
valeur apparaît lorsqu'une personne, pour effectuer un choix, utilise
un critère de relation entre la satisfaction du besoin, les
contraintes et les dépenses induites. Ainsi parle-t-on de rapport qualité/prix
mais bien d'autres critères existent :
·la valeur d’usage, qui està travers l'acte d'achat, la réponse d'un client à un besoin
d’utilisation (l'entreprise ne vend un produit qu'à la condition
que sa valeur d'usage perçue par l'utilisateur soit grande. Il est
donc impératif qu'elle connaisse le besoin de l'utilisateur, et les dépenses
qu'il est prêt à associer à la satisfaction de ce besoin)
·la valeur d'utilité, liée directement à
l'utilisation que l'utilisateur va avoir du produit, dans un contexte
donné,
·la valeur de rareté, qui peut être fonction des
circonstances d'utilisation du produit comme de la simple concurrence
sur le marché,
·la valeur d'échange, qui correspond
essentiellement au prix d'achat et à la perception qu'en a
l'acheteur, mais peut également comporter une notion plus large liée,
par exemple, à la revente du bien,
·la valeur d'estime, liée au plaisir ressenti par
l'utilisateur lors de l'utilisation, voire de la simple possession, du
produit.
Toutes ces notions, extrêmement relatives, sont en général
liées au contexte, à l'environnement, aux personnes considérées...
En définitive, pour l'utilisateur, la valeur est issue
des performances (utilité, estime, rareté...) du produit et doit être
mise en balance avec les dépenses (coûts) issus à la fois de la
conception, de la production et de la distribution du produit mais également
aux charges qui peuvent survenir tout au long du cycle d'usage du
produit, sous une forme ou sous une autre : monétaires (entretien par
exemple), ergonomiques énergétiques ...
L'analyse de la valeur se distingue des autres méthodes
par quatre caractéristiques fondamentales :
1.L'Analyse fonctionnelle :
Dans la mesure où l'analyse
de la valeur repose sur la notion de fonctions, l'analyse
fonctionnelle est le coeur de la méthode.
Le produit
correspondant au besoin du client est défini en termes de fonctions.
Ces fonctionssont valorisées afin de déterminer la valeur
qui est définie comme le rapport entre la satisfaction du client et
le coût du "produit"
2.Le plan de travail :
Pour mener à bien une étude
d'analyse de la valeur, il est nécessaire de respecter un plan de
travail strict. Ce plan de travail comporte sept phases distinctes qui
seront présentées au paragraphe "Mode opératoire".
3.Le travailde groupe :
C'est un groupe
pluridisciplinaire de 6 à 8 personnes qui est lavéritable structure opérationnelle de l'action d'analyse de
la valeur.
4.L'approche économique globale :
L'analyse de la valeur est un
processus de travail dont l'objectif est de trouver le compromis
optimal entre le coût et les fonctions d'un produit, tout en assurant
un niveau de qualité nécessaire et suffisant
L'analyse de la valeur suit un plan de travail en 7
phases qui doivent être scrupuleusement respectées (norme NF X
50-152)
La démarche est progressive et prend en compte
les résultats des phases amont. Mais elle est aussi itérative,
en ce sens que chaque phase peut être remise en cause par celles qui
la suivent.
Elle repose par ailleurs sur un groupe de travail
pluridisciplinaire qui constitue la structure opérationnelle de
l'action d'analyse de la valeur. Ce groupe est animé par un chef de
projet.
Cette phase a pour but de définir les objectifs
poursuivis dans le cadre de la démarche d'analyse de la valeur.
L'objectif de cette phase est d'aboutir à une compréhension
et une formalisation de la problématique à résoudre.
Elle doit permettre de savoir s'il est intéressant de répondre
à la demande, et dans l'affirmative, de construire la structure
projet qui va supporter la conception de la réponse.
Démarche méthodologique de l'étape
Cette phase consiste à déterminer :
·l'objet de l'étude,
·les motifs de l'étude,
·les objectifs poursuivis,
·le périmètre et les acteurs concernés,
·les moyens alloués à l'étude
·le mode d'organisation
·les risques associés à l'étude,
Elle consiste aussi à
structurer :
·les différentes étapes de l'analyse de la valeur
·le plan de communication
Outils à utiliser
Guide méthode accompagnement : Phases :
"Initialiser et Préparer le projet",
·Fondamentaux de déroulement de projet : Phase :
"Analyse de l'existant".
Cette phase a pour but de rassembler et de formaliser
les données internes et externes relatives à l'objet de l'étude
(besoin à satisfaire) et à son environnement.
Cette phase correspond à un état des lieux du domaine
étudié.
Démarche méthodologique de l'étape
Toutes les informations (techniques, industrielles, économiques,
commerciales, sociales, réglementaires, etc...) liées au besoin, aux
produits concurrents, à la conception, la fabrication et la
distribution du produit doivent être rassemblées.
Il s'agit de définir principalement :
-
le besoin à satisfaire
-
le marché visé
-
la concurrence
-
les avantages et inconvénients du produit actuel et des produits
concurrents
-
l'historique du produit
-
les techniques disponibles
-
les coûts
-
les contraintes (normes, réglementations...)
-
les insatisfactions des clients...
Outils à utiliser
·Internet
·Achat d'études de marché,
·Outil de comptabilité analytique,
·Fondamentaux de déroulement de projet: Phase : "Analyse de l'existant"
L'analyse fonctionnelle
constitue la pierre angulaire de la méthode de l’analyse de la
valeur. C'est d'elle que dépend au final la qualité du produit.
L'objectif
de cette phase est de rechercher les fonctions principales et
secondaires qui satisfont les besoins, puis à les traduire en
fonctions techniques.
Ces
différentes fonctions sont formalisées au sein du cahier des
charges fonctionnel.
L'atteinte
de cet objectif nécessite d'avoir préalablement réalisé un
compromis entre deux optiques :
·élargir
les possibilités du produit, c'est à dire lui rajouter des
fonctionnalités : cette optique répond à un besoin plus large,
augmenter la valeur du produit, mais conduit également à augmenter
son coût.
·réduire
les possibilités du produit, c'est à dire lui ôter des
fonctionnalités : cette optique conduit à réduire la valeur du
produit sans garantie de diminuer pour autant son coût.
Ce
compromis est souvent extrêmement difficile à établir, d'autant
que, si le premier réflexe des concepteurs est de supprimer des
fonctionnalités secondaires du produit ou de réduire leur domaine
d'application, l'expérience prouve que ce sont justement ces
fonctionnalités qui font le succès ou l'échec d'un produit.
·recenser
les fonctions en menant une recherche intuitive et une étude
d'environnement des fonctions (réunions de brainstorming, entretiens,
créativité, graphe et étude d'environnement)
·les ordonnancer
(arborescence des fonctions ou diagramme FAST ...)
·les caractériser
(tableau de critères)
·les hiérarchiser (échelles
de hiérarchisation des fonctions, méthode du tri croisé)
·les valoriser (tableau
de chiffrage des fonctions)
·les synthétiser en
les formalisant dans le cahier des charges fonctionnel (tableau
de synthèse)
Ce
cahier des charges fonctionnel
(CdCF) fait le bilan des analyses des
fonctions et des coûts en faisant apparaître le compromis
fonctions/coûts à satisfaire.
L'objectif de cette phaseest de trouver le plus grand nombre d’idées de solutions
pour chaque fonction à satisfaire.
Démarche méthodologique de l'étape
Se reporter à la démarche des 3 premières phases de
la méthode"créativité"
:
·formulation du problème,
·élimination des premières solutions,
·divergence
Cette étape nécessite une réelle dynamique de
groupe et le respect des attitudes suivantes :
·l'écoute : acceptation de l'autre et de ses idées
(pas de critique et d'autocensure du type : ça existe déjà, on l'a
déjà fait, je vais peut être dire une bêtise...)
·la spontanéité de l'expression : rien de ce qui
est évoqué ne l'est par hasard ; aussi se doit-on de tout exprimer,
aussi éloigné que cela puisse paraître de la problématique.
·l'association : tout stimuli évoqué par un
membre du groupe suscite chez les autres des évocations associatives
Recenser l'ensemble des fonctions d'un
produit en vue d'élaborer le cahier des charges fonctionnel du
produit
Principe
Un produit n'est jamais indépendant
de son environnement.
Dans la plupart des cas, le produit doit s'adapter à
son environnement, c'est-à-dire satisfaire certaines fonctions par
rapport à cet environnement.
Il importe par ailleurs d'identifier dans quelles
circonstances le produit peut être utilisé: circonstances
habituelles, occasionnelles, exceptionnelles.
Les conditions habituelles et occasionnelles doivent
systématiquement être prises en considération. En ce qui concerne
les conditions exceptionnelles, il est nécessaire d'évaluer leurs
conséquences possibles et leur gravité si les fonctions ne sont pas
remplies.
Afin de réaliser une étude d'environnement, il importe
de distinguer les 4 "familles" suivantes :
·Les personnes : elles peuvent être celles qui utilisent
le produit, mais il peut aussi s'agir de personnes dont la présence
est occasionnelle.Par
exemple, l'acheteur du produit peut ne pas être l'utilisateur et
pourtant des fonctions sont à satisfaire vis-à-vis des deux.
·Les éléments physiques : ils sont nombreux : le sol,
une table, les murs, les objets environnants, etc.
·Les éléments immatériels : il peut s'agir des règlements,
des normes, des directives, etc.
·L'ambiance : l'ambiance peut regrouper des éléments
tels que la température, l'hygrométrie, les intempéries, le bruit,
les poussières, etc...
Mode d'emploi
1.Rechercher les conditions d'adaptation du produit
par rapport à une des familles et des ses composantes et réciproquement.
2.Rechercher les conditions d'interaction entre une
composante d'une famille, le produit et une autre composante (de la même
famille ou d'une autre famille)
3.Matérialise ces conditions à l'aide d'un graphe
d'environnement qui représente le produit au centre et les différentes
composantes de l'environnement à la périphérie.
Exemple
Exemple d'une tondeuse à gazon.
L'un des éléments de l'environnement est un
arbre. En cas de rencontre de la tondeuse avec l'arbre, la fonction
est "ne pas abîmer l'arbre et réciproquement et résister au
choc avec l'arbre”.
L'étude de la fonction d'adaptation conduira
peut-être à prévoir autour de la tondeuse un pare-chocs ayant une
élasticité suffisante pour ne pas abîmer l'arbre et absorber les
chocs.
Tableau récapitulatif qui permet de recenser
et définir l'ensemble des critères d'appréciation à
retenir pour chacune des fonctions
A chaque critère est associé un niveau
et une flexibilité.
-
critères d'appréciation :
-
niveau :
-
flexibilité :
critère retenu pour apprécier la manière dont
une fonction est remplie ou une contrainte respectée
Le niveau (noté K) d'un critère est généralement
une valeur chiffrée pour les critères "objectifs" et une référence
pour les critères "subjectifs". Il permet de représenter
le poids de chaque fonction.
La flexibilité (noté F) est la tolérance par
rapport à la valeur du niveau demandé.
On distingue 4 classes de flexibilité :
F0 : flexibilité nulle, niveau impératif
F1 : flexibilité faible, niveau peu négociable
F2 : flexibilité bonne, niveau négociable
F3 : flexibilité forte, niveau négociable
Finalités
Définir précisément les composantes de
chaque fonction
Outils permettant de représenter le poids de
chaque fonction
Finalité
·Hiérarchiser les fonctions lorsque des difficultés
apparaissent pour obtenir le consensus du groupe sur le choix des
coefficients à affecter aux fonctions.
Mode d'emploi
1.Comparer les fonctions deux par deux,
2.Faire figurer dans la case correspondante la fonction qui
domine l'autre avec une note de 1 à 3
note
1 : fonction peu supérieure à l'autre,
note
2 : fonction supérieure à l'autre,
note
3 : fonction très supérieure à l'autre.
3.Totaliser le nombre de points obtenus par chaque fonction
Présenter de manière synthétique les résultats
de l’analyse fonctionnelle (fonction, coût et valeur) en transférant
les coûts de revient des tâches sur les fonctions de services associés
Mode d'emploi
Lister les fonctions du produit en abscisse,
Lister les composantes du produit en ordonnée,
Calculer le coût des composantes et le répartir
sur les fonctions afin d'avoir le coût de chaque fonction. Cette répartition,
d'abord en pourcentage puis en valeur réelle, se fait en proportion
du rôle que joue chaque composante dans chaque fonction
·Qualité de service. L'approche ISO 9004-2 : Michel
Bellaiche, AFNOR, mémento "A savoir", 1995.
·Produits et Analyse de la Valeur - Jean Chevallier -
CEPADUES-EDITIONS, Collection Automatisation et Production, 1989.
·L'AFAV : L'Association Française pour l'Analyse de la
Valeur a été créée en 1978, pour promouvoir la méthode et développer
les outils méthodologiques. Elle édite des normes:
- X 50-100 :
"De l'expression du besoin à la compétitivité"
- NF X 50-150
"Analyse de la Valeur, Analyse Fonctionnelle"
-
NF X 50-151 "Analyse de la Valeur, Analyse Fonctionnelle.
Expression fonctionnelle du besoin et Cahier des Charges
Fonctionnel"
-
NF X 50-152 "Analyse de la Valeur. Caractéristiques
fondamentales"
-
X 50-153 "Analyse de la Valeur. Recommandations pour sa mise en
œuvre"