Un
indicateur clé d’une saine gestion de la chaîne
d’approvisionnement
La précision des
inventaires joue un rôle clé dans les opérations d’entreposage
et par le fait même dans la saine gestion de la chaîne
d’approvisionnement. En effet, l’inexactitude des informations
reliées aux inventaires entraîne trop souvent des ruptures de
stock, des inventaires excessifs reliés à la «sur planification»
pour compenser l’incertitude, des coûts additionnels reliés au
temps supplémentaire ou «l’expediting» et, au pire, la perte de
commandes et de clients. Cette chronique décrit les deux
méthodes de base pour vérifier l’exactitude des inventaires.
L’inventaire périodique
L’inventaire
périodique, habituellement exécuté à une fréquence annuelle ou
biannuelle, consiste à compter la totalité des items en stock,
comparer les résultats avec les données du système
d’information et réconcilier les différences en ajustant
les données afin de bien représenter la réalité. Fait
intéressant: cette pratique est souvent vue comme un exercice
financier plutôt qu’une simple « remise à l’heure des pendules
».
Un facteur important
à considérer lors d’une prise d’inventaire périodique est la
coordination des ressources et la main d’œuvre requise pour
l’effectuer. Premièrement, le décompte d’inventaire doit être
effectué durant une période où les opérations sont arrêtées
afin d’assurer qu’il n’y ait pas de transactions en cours qui
pourraient fausser le décompte. Ceci nécessite souvent de
planifier une quantité imposante de main d’œuvre puisque les
opérations ne sont arrêtées que pour une courte période de
temps, en général au cours d’une fin de semaine. Si le
personnel d’opération n’est pas suffisant, du personnel
temporaire doit être embauché. Puis finalement, il faut
planifier les moyens de saisir toutes les données et effectuer
les ajustements d’inventaire avant le redémarrage des
opérations. Si le département informatique ne peut assister
dans cette démarche, du personnel additionnel doit être
planifié pour effectuer les tâches cléricales de la prise
d’inventaire. Toutefois, un personnel nombreux et peu qualifié
peut contribuer à une prise d’inventaire erronée.
L’inventaire cyclique
L’inventaire cyclique,
de son côté, vise à compter un nombre restreint d’items en
inventaire à chaque jour jusqu’à ce que tous les items soient
vérifiés au moins une fois dans l’année. L’inventaire cyclique
se différencie de l’inventaire périodique par son objectif
d’identifier les causes des erreurs et les corriger à la
source ainsi que de compter plus fréquemment les items qui le
requiert.
Dans un cas comme
dans l’autre, il est préférable de mesurer la précision de
l’inventaire en calculant le pourcentage des items pour lequel
le décompte physique rencontre le décompte attendu. Il est
également intéressant de mesurer les écarts en valeur absolue.
La comparaison de la valeur totale en dollars dans les livres
avec ce qui est compté ne mesure pas vraiment la précision
puisque les items en surplus et en manque peuvent se balancer
pour créer un résultat acceptable.
Quels sont les avantages de l’inventaire cyclique?
L’inventaire cyclique se démarque par son identification et sa
correction des écarts au temps opportun. De plus, la prise
d’inventaire peut se faire durant les opérations quotidiennes.
Puisque les efforts sont répartis au cours de l’année, un
moins grand nombre d’employés est requis. Un autre
avantage provient du fait que cette méthode permet de
développer des spécialistes qui deviennent efficace à obtenir
de bons comptes, à réconcilier les différences et à trouver
des solutions aux problèmes. Les gens expérimentés connaissent
bien les produits, la configuration de l’emballage, la
palettisation et les facteurs de conversion. Finalement, la
surveillance constante des inventaires permet de maintenir un
haut niveau de précision des inventaires, donc un meilleur
service à la clientèle, moins de ruptures d’inventaire, moins
d’investissement en stock de sécurité et un meilleur contrôle
des coûts.
Comment instaurer un inventaire cyclique?
La mise
sur pied d’un inventaire cyclique débute par un petit
échantillon d’items qui sont choisis et comptés de façon
répétitive afin d’identifier les causes des erreurs
d’inventaire. Cette première étape met en lumière les
problèmes qui doivent être corrigés pour atteindre un haut
niveau de précision des inventaires. Les problèmes rencontrés
peuvent provenir de différentes sources telles que :
un manque d’ordre dans l’entrepôt,
une mauvaise identification des items et des locations,
un manque de contrôle sur l’accessibilité des lieux,
des erreurs d’unité de mesure,
une mauvaise ségrégation entre les produits désuets, en
inspection, les rebuts et les bons produits.
Lorsque
l’échantillon de base se maintient sans erreurs, le programme
peut être élargi à un plus grand nombre d’items. Un plan
d’action avec responsables et dates doit être mis en place
afin d’assurer le suivi sur la correction des causes des
erreurs.
Le
risque d’erreur d’inventaire n’est typiquement pas le même
pour tous les items. La fréquence des décomptes devrait
augmenter avec le risque d’erreur. Il existe plusieurs
techniques pour établir la fréquence des décomptes afin
d’améliorer la précision globale des inventaires. Une des
méthodes consiste à séparer les items avec la classification
ABC. Les items de classe A comportant une plus grande valeur
en dollars et un plus haut taux de roulement sont comptés plus
souvent, par exemple à chaque mois. Les items de classe B
peuvent être comptés à chaque quart et ceux de classe C une
fois par année. D’autres techniques choisissent les items
basés sur les activités reliés à l’item, par exemple :
lorsque le point de commande est atteint,
lors de la réception d’un lot,
lorsque l’inventaire atteint zéro dans une location
spécifique.
Ces
techniques peuvent être jumelées à la méthode ABC pour
augmenter l’efficacité et la précision du décompte.
Le
niveau de précision des décomptes cycliques doit tendre vers
100%. Cependant, un degré de tolérance pour l’écart entre les
comptes et les données du système d’inventaire peut être
défini. Celui-ci doit alors servir à identifier les erreurs
significatives et refléter les dommages qu’une erreur
d’inventaire peut causer à la chaîne d’approvisionnement. Les
items « A » doivent avoir un niveau de tolérance plus serré
que les items « B » et « C ». Lorsque le total du compte est à
l’intérieur des tolérances, les données de l’inventaire sont
ajustées pour représenter le compte.
Quels sont les pièges de l’inventaire cyclique?
Le
décompte cyclique présente sans conteste plusieurs avantages,
cependant, différents pièges peuvent venir les anéantir. Le
principal piège est de relâcher le niveau de rigueur et
ajuster les inventaires sans vraiment les réconcilier. Il est
également souvent question de discipline : la prise
d’inventaire étant une tâche perçue par plusieurs comme ayant
peu de valeur ajoutée, certains gestionnaires d’opérations
retirent les employés assignés au décompte et les réaffectent
aux tâches directes aussitôt que la main d’œuvre pour
effectuer les tâches directes n’est pas suffisante. Ainsi, les
décomptes cycliques ne sont pas toujours effectués «
religieusement ». De plus, ne pas maintenir les comptes
journaliers et offrir une formation inadéquate au personnel
responsable des inventaires peuvent réduire de façon
significative les gains reliés à l’inventaire cyclique.
Conclusion
Avec les pressions des
marchés qui forcent les entreprises à réduire constamment
leurs investissements et coûts d’opération, le niveau de
précision des inventaires devient alors de plus en plus
important. L’efficacité des échanges entre les différents
maillons de la chaîne d’approvisionnement repose en grande
partie sur la précision des inventaires que chacun peut
démontrer. Un système d’inventaire robuste combiné avec une
prise d’inventaire cyclique peut générer des données fiables
sur l’inventaire à tout moment et à un coût minimum.
Certains Systèmes de Gestion d’Entrepôt (SGE) ou « Warehouse
Management System » (WMS) offrent la fonctionnalité du
décompte cyclique. D’ailleurs, les SGE feront l’objet du
prochain article de la chronique sur la gestion de la chaîne
d’approvisionnement.
20.06.2002