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7.2. SOLS
La qualité des sols a une grande importance aussi bien dans
les locaux industriels que dans les activités de services et les bureaux. Les répercussions
sont en effet nombreuses :
sur les prix de revient : coûts très élevés de la
réfection des sols dans les locaux en service, coût du nettoyage,
sur la circulation des engins : difficultés de
circulation des camions et engins de manutention lorsque le sol est défectueux,
et augmentation des risques d'accidents (ex. renversement de chariots élévateurs,
chutes de charges, risques liés à la charge lors de la poussée manuelle
de chariots, etc.),
sur la circulation des piétons : chutes de
plain-pied, heurts, glissades.
Les caractéristiques des sols sont à étudier en fonction de
l'activité spécifique aux lieux de travail concernés : sols industriels,
sols spéciaux pour les secteurs de l'alimentation, de la restauration
collective, des laboratoires, sols adaptés aux activités de bureau.
7.2.1. Critères principaux
Les critères principaux à prendre en compte sont :
la résistance du sol à l'usure et à la déformation pour
éviter les détériorations : résistance aux charges statiques
(intensité, surface d'application), résistance aux charges dynamiques dues
à la densité et au type du trafic (fréquence pour les piétons, fréquence,
charge maxi et type de roues pour les chariots et les transpalettes).
les caractéristiques liées directement à l'hygiène et
à la sécurité : adhérence (pour éviter les glissades), résistance
chimique à certains produits (acides, solvants, détergents, etc.), facilité
de nettoyage,
les caractéristiques phoniques (et celles liées aux
vibrations) : réverbération des sons, bruits d'impact, massifs de désolidarisation
de certaines machines.
Le sol participe également par ses coloris à l'ambiance des
lieux de travail, par la nature du revêtement à l'empoussièrement des locaux.
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7.2.2. Choix entre les revêtements
Le choix entre les différents revêtements industriels dépend
essentiellement du type d'activité concerné :
Revêtements en béton : un renforcement
de la couche en surface (béton de fibres d'acier, ciment et carcasse d'agrégats
durs) est conseillé.
Revêtements bitumineux : ils ont
l'avantage d'apporter une plus grande souplesse et par là même un meilleur
confort.
Revêtements en résine à charge de quartz :
pour les sols où les risques de glissade sont élevés, les résines à
charge de quartz sont conseillées ; elles permettent d'atteindre des
coefficients de frottement supérieurs à 0,30 (cette valeur étant le
minimum acceptable pour les sols utilisés dans les secteurs alimentaires et
les cuisines de restauration collective).
Carrelages : ils sont généralement réservés
aux activités de l'agro-alimentaire, aux cuisines et aux laboratoires, à
des locaux du type sanitaire. Les grès cérames anti-glissants sont
conseillés : ils permettent d'atteindre des coefficients de frottement
élevés (supérieurs à 0,30 et proches de 0,50 pour les carrelages les
plus performants). Si l'épaisseur de ces revêtements est suffisante (supérieure
ou égale à 12 mm), ces carrelages résistent mieux aux chocs
thermiques et au roulement intensif de chariots que les sols à base de résine.
Sols plastiques :
les sols plastiques sont des revêtements collés sur un subjectile
résistant (le plus souvent une chape ciment). En lés ou en carreaux, ils
conviennent pour la réalisation des sols de nombreux lieux de travail (bureaux,
commerce, établissements de soins, électronique, textile, confection, etc.).
Ils sont faciles à entretenir et à remplacer et moins coûteux que les sols
scellés. Outre les critères indiqués précédemment, on devra également
tenir compte de leur tenue au feu et de leur conductivité électrique
(électricité statique).
Sols textiles, parquets : ne conviennent
qu'à des activités particulières (hôtellerie) ou à des zones très
localisées des bâtiments industriels.
Pour limiter les chutes par glissades, il n'est pas suffisant
de choisir un revêtement de sol dont le coefficient de frottement dynamique est
maximal. Des facteurs supplémentaires sont à considérer : l'uniformité
des qualités antidérapantes du revêtement, la couleur du sol et son aptitude
à changer d'aspect en présence de liquides lubrifiants ou de déchets.
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7.2.3. Conditions de pose
Il est impératif de respecter scrupuleusement les conditions
de pose. Si plusieurs matériaux doivent être mis en oeuvre, le respect des
proportions et du mode opératoire est indispensable pour éviter des déboires
tels que retrait, fissuration, faïençage.
Dans les locaux où le nettoyage doit se faire à grande eau
ou lorsque le déversement ou l'égouttage de liquides est prévisible, prévoir
des pentes de 1 à 2 % dirigées vers des dispositifs de recueil
(caniveaux, grilles, siphons de sols). Eviter dans la mesure du possible le découpage
en "pointes de diamant" difficile à réaliser et faire en sorte que
le trafic des matériels roulants (en particulier à traction humaine) reste
possible sans efforts excessifs.
Les joints constituent toujours un élément important, ils
sont indispensables : sans eux les dilatations risqueraient de provoquer
des épaufrures aux angles des surfaces, ils doivent être réalisés par des
professionnels avertis. Des siphons de sol, grilles, et autres points de recette
des écoulements de surface étant définis, les raccordements au revêtement
sont aussi un élément essentiel de l'étanchéité.
Les joints entre carreaux doivent être aussi étroits que
possible, environ 3 mm, afin que la charge par à-coups soit répartie au
mieux et ne s'applique pas exclusivement sur les arêtes des carreaux.
Note : Implantation des siphons de sol, des grilles, etc.
Les dispositifs de ce type seront autant que possible implantés en dehors des
aires et allées de circulation des engins munis de petites roues (ex. :
transpalettes, chariots automoteurs) de manière à éviter les à-coups générateurs
d'autres risques.
7.2.4. Bibliographie
Code du travail, art. R. 235-3-3.
Les sols de sécurité. Recommandation CNAM R 35. Paris,
INRS, 1965.
NF P 62-001. Revêtements de sols. Propriétés
antistatiques. Spécifications. Paris, AFNOR.
Sols industriels. Paris, Publications du Moniteur, 1986.
Sols antidérapants. Cahiers de notes documentaires, 1991,
145, ND 1853.
Dossier sur la glissance. Travail et sécurité, Paris,
INRS, 1996, numéro 2, pp. 17 à 52.
7.3. FACADES
Quatre éléments seront traités dans ce chapitre :
les vitrages permettant la vue vers l'extérieur,
les portes et portails,
les matériaux et appareillages à utiliser en façade,
l'accès aux façades pour les interventions d'entretien et
de maintenance.
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7.3.1. Vitrages permettant la vue vers l'extérieur
Les locaux de travail doivent comporter à hauteur des yeux
des baies transparentes donnant vers l'extérieur, sauf en cas d'incompatibilité
avec la nature des activités envisagées (Code du travail, article R. 235-3).
Il est important de signaler que :
cette obligation ne concerne pas seulement les bureaux,
mais aussi les ateliers et de manière plus générale tous les locaux
destinés à être affectés au travail,
cette exigence est distincte de celle de l'éclairage
naturel ; ainsi un éclairage zénithal apportera la lumière naturelle
sans offrir de vue sur l'extérieur.
Il est recommandé que ces surfaces vitrées représentent au
moins le quart de la superficie de la plus grande paroi du local donnant sur
l'extérieur, en ne considérant que les surfaces en dessous de 3 m. Par
ailleurs, la hauteur d'allège ne devrait pas dépasser 1 m. La hauteur d'1 m
a été définie pour des postes assis. Elle peut être portée à 1,30 m
si on a la certitude que les postes de travail ne permettront pas la posture
assise. Les baies vitrées devront comporter un certain nombre d'ouvrants pour
permettre l'aération et la correction de l'ambiance thermique. Pour un local
donné, ces objectifs peuvent être atteints par différents moyens comme le
montre l'exemple ci-après.
Exemple d'application
Configuration de vitrages à hauteur des yeux respectant la réglementation
pour un local de 40 m de long sur 15 m de large, sans cloisons intérieures,
donnant sur l'extérieur sur les deux côtés de 40 m.
Le calcul des surfaces minimales recommandées est le suivant :
superficie de la plus grande paroi du local donnant sur
l'extérieur (en ne considérant que les surfaces en dessous de 3 m) :
40 × 3 m = 120 m2,
surfaces vitrées nécessaires : 120 m2 ×
1/4 = 30 m2.
Sous réserve que la hauteur d'allège ne dépasse pas 1 m,
de nombreuses configurations répondent à ces exigences. Par exemple :
2 bandes de vitrage de 1,50 m de haut sur 10 m de
long sur un seul côté du bâtiment,
1 bande de vitrage de 2 m × 10 m d'un côté et
une bande de 2 m × 5 m de l'autre côté,
20 fenêtres de 1,50 m × 1 m réparties sur le
pourtour du bâtiment.
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Nettoyage
En ce qui concerne le nettoyage des vitres, on pourra
concevoir les baies de façon à ce que les deux côtés de la vitre soient
accessibles de l'intérieur (fenêtres basculantes, pivotantes, à la française :
voir figure 7.14.). Il convient de prévoir un dispositif simple de blocage
de l'ouvrant l'empêchant de basculer en cours de nettoyage. Il faut également
veiller à ce que les équipements en bordure de fenêtre (convecteur, jardinière,
store ou volet, etc.) ne compliquent pas l'entretien des vitrages.
Dans les autres cas et pour la maintenance (ravalement, réfection
des matériaux d'isolation, d'étanchéité, de revêtement, etc.), les
dispositions de prévention pour les travaux en hauteur doivent être prises
(voir § 7.3.4) dès que le travail doit se faire à plus de 3 m
au-dessus du sol.
Protection contre l'éblouissement et l'effet de serre
Pour les expositions est et ouest, des protections verticales
(ex. stores) sont nécessaires. Au sud, elles pourront être remplacées par des
auvents. Lorsque le local est de petite dimension (ex. bureaux), les protections
verticales seront installées à l'extérieur pour éviter un apport thermique
excessif par le rayonnement solaire (effet de serre). Des vitrages réfléchissants
peuvent donner également de bons résultats.
Figure 7.14.
Conditions d'accessibilité
aux vitrages.
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7.3.2. Portes et portails
Les abords d'une porte constituent un endroit
critique, un carrefour de risques. Dans le choix et l'implantation d'une porte,
deux fonctions (passage et fermeture) sont à considérer.
Fonction passage
Les problèmes de sécurité sont liés aux flux
et circulations : la largeur de la porte doit correspondre aux véhicules
les plus larges et aux dimensions des charges transportées ; elle sera
fonction également du sens simple ou double de circulation. La porte débouchera
face à une allée principale pour éviter les manoeuvres et les collisions.
Pour les accès utilisés à la fois par des véhicules (notamment les chariots
élévateurs) et des piétons, une porte séparée réservée aux piétons sera
implantée à côté de la porte principale avec garde-corps de sécurité de
chaque côté de la porte principale (voir figures 7.15 et 7.16).
Les portes transparentes ou translucides doivent
être constituées de matériaux de sécurité et signalées par un marquage à
hauteur de vue. Les portes opaques seront munies de surfaces transparentes
permettant la visibilité à travers la porte (hublots circulaires ou
rectangulaires à hauteur des yeux des conducteurs d'engin).
Figure 7.15.
Aménagement des abords d'une porte.
Figure 7.16. Bonne
conception d'ensemble d'une façade d'atelier : portail, porte piétons, échelle
d'accès à la toiture, baies vitrées à hauteur des yeux.
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Fonction fermeture et ouverture
Trois problèmes sont à examiner :
ambiance thermique et risques d'effraction : les
portes doivent assurer une bonne fermeture (portes à lamelles à éviter),
un sas étant utile lorsque les flux de circulation sont importants
(au-dessus de vingt passages par heure environ) et pour les expositions nord
et ouest,
les efforts physiques : la motorisation des portes
permet d'éviter les déplacements, efforts et pertes de temps,
les risques d'accident : équiper les portes de systèmes
évitant leur chute et diminuant les risques de coincement et de
cisaillement.
Les portes automatiques doivent pouvoir être
ouvertes manuellement, sauf si l'ouverture est automatique en cas de coupure
d'alimentation.
Les portes à commande asservie (par des
dispositifs tels que des bouches magnétiques, des cellules photoélectriques)
comporteront des équipements de sécurité destinés à en arrêter la
fermeture en cas de présence d'une personne dans la zone dangereuse (cellules
photoélectriques, barres de contact, bandes palpeurs; etc.). Ces dispositifs
déclencheront automatiquement la séquence d'ouverture de la porte.
Les portes coulissantes à déplacement vertical
présentent des risques particuliers : elles seront équipées de
dispositifs de sécurité pour éviter leur chute en cas de rupture d'un organe
de suspension ou de compensation (système de type "parachute" (voir
figure 7.17) ou équivalents).
Les zones de débattement (portes basculantes) ou
de fermeture (portes à sections ou coulissantes) seront matérialisées au sol
par un marquage zébré noir et jaune.
La maintenance et les contrôles périodiques de
ces matériels seront organisés de manière analogue à ceux des ascenseurs et
monte-charge (registres techniques).
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Figure 7.17. Système
du type "parachute" pour porte coulissante à déplacement vertical.
(note technique nº 6 CRAMAM).
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7.3.3. Matériaux et appareillages à
utiliser en façade
Les matériaux doivent être choisis en fonction
de plusieurs critères dont les principaux sont :
L'isolation thermique (par exemple par
panneaux sandwichs) correspondant aux normes actuelles en ce domaine.
L'isolation phonique. Lorsque les niveaux de
bruit prévisibles à l'intérieur du local sont supérieurs à 85 dB(A),
une isolation phonique (combinée avec l'isolation thermique) est une
obligation pour le maître d'ouvrage (art. R. 235-2-11, Code du travail).
Du fait de la réglementation relative au niveau
de bruit à respecter en limite de voisinage (décrets du 5 mai 1988), un bâtiment
industriel bruyant devra donc avoir des parois apportant un bon isolement et une
bonne absorption.
• La résistance au feu, la facilité
d'entretien, les aspects esthétiques, la tenue dans le temps, la
résistance aux phénomènes climatiques, aux moisissures et au vandalisme, sont
également à prendre en considération.
Les parties horizontales des façades (appuis de
baies, terrassons, etc.) devront faire l'objet d'une attention particulière,
pour l'évacuation des eaux de pluie notamment.
Le coût des matériaux ne doit pas être le critère
économique exclusif : le coût de l'entretien ultérieur ou de la
maintenance des appareils en façade peut devenir prépondérant, notamment pour
les opérations répétitives ou très techniques.
Pour les appareillages, il faut également prévoir
dès la conception l'entretien ultérieur des dispositifs retenus, pour
minimiser la fréquence et la durée des interventions, et les éviter par l'extérieur.
Par exemple on pourra prévoir la maintenance des
luminaires par accès direct au bloc projecteur ; ou des enseignes à
partir du toit ; ou des coffres de volets roulants intérieurs.
7.3.4. Accès aux façades
Il n'y a pas de solution générale compte tenu
des nombreux paramètres qui interviennent (hauteur globale de l'immeuble, géométrie...).
Lorsqu'il n'y a pas d'accès de plain-pied fixe (passerelles, balcons), on
utilise des moyens d'accès mobiles de deux types : les accès par élévation
(échafaudages de pied fixes ou roulants, nacelles et plates-formes élévatrices),
ou les accès par suspension (échafaudages volants, sellettes, nacelles
suspendus à demeure). La mise en oeuvre de ces moyens ne peut se faire que si
un minimum d'aménagements existent à l'origine de la construction. Un choix
judicieux de ces aménagements conduira à une diminution du coût des opérations
d'entretien ou de maintenance ultérieures. Il y a donc lieu de choisir, en
fonction des dimensions, de l'architecture, du type et de la fréquence prévisible
des interventions, le mode d'accès le plus sûr et de créer des aménagements
en conséquence.
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L'accès aux façades par nacelle électromécanique
à demeure est la solution à privilégier.
Les principales dispositions constructives sont :
Pour les accès par élévation :
Nacelles élévatrices : conviennent
pour des immeubles de moins de 12 m de hauteur. Prévoir une voie de
circulation stabilisée à moins de 6 m de la façade, avec des pentes modérées
et sans ressauts. S'assurer qu'il n'y aura pas dans le volume de déplacement de
la nacelle d'aménagements paysagés de plus de 5 m de hauteur ni de lignes
électriques aériennes à conducteurs nus.
Echafaudages : prévoir
l'accessibilité du pied de l'immeuble sur une largeur de 2 m (façades
verticales planes) ou à déterminer en fonction de la géométrie (surplombs et
débords).
Pour les accès par suspension :
Ces accès ne conviennent pas pour atteindre des
parties de façades situées sous des surplombs supérieurs à 0,5 m (voir
figure 7.18). En outre, lorsque la sécurité des opérateurs ne pourra pas
être entièrement assurée par les dispositions constructives adoptées
(absence de garde-corps, isostatique des matériels), des points d'ancrages
particuliers devront être prévus pour la fixation de harnais de sécurité.
Echafaudages volants : prévoir
des crochets d'ancrage à demeure, fixes ou amovibles, ou des murs d'acrotères
dimensionnés pour permettre de recevoir les consoles de suspension (forme,
percements, résistance au moment de renversement) : voir exemple à la
figure 7.19, ou des points d'accrochage en terrasse pour les consoles en
bascule.
Nacelles électromécaniques à demeure :
prévoir la possibilité d'installer le chemin de roulement en couverture (en général
toiture terrasse et prise en compte de la charge d'exploitation). Rappelons que
ce type de matériel doit faire l'objet d'une vérification tous les 6 mois.
Figure 7.18. Retrait
de façade limité à 0,50m.
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Figure 7.19. Exemple
de console bloquée sur acrotère.
7.3.5. Bibliographie
Code du travail, art. R. 232-1-2 et R. 235-3-8, 3-9, sur
les portes et portails.
Arrêté du 21 décembre 1993 relatif aux portes et
portails automatiques et semi-automatiques.
Code du travail, art. R. 232-7 à R. 232-7-10 : éclairage ;
art. R. 232-8 à R. 232-8-7 et R. 235-11 : protection contre le bruit.
Lettre circulaire DRT nº 90-11 du 28 juin 1990 relative à
l'application de l'article R. 235-2 du Code du travail.
Norme NF P 25-362. Fermetures pour baies libres. Sécurité
pour portails industriels. Paris, AFNOR.
Utilisation et entretien des portes. Note technique nº 8. Strasbourg,
CRAMAM, 1981.
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