le
comburant
Le principal comburant est l'oxygène
de l'air. L'air atmosphérique contient 20,94 % d'oxygène en volume et
23,2 % en poids. Si on ajoute à l'air un gaz tel que du dioxyde de
carbone (CO2), ou si on ajoute de l'azote (N2) qui
est un gaz inerte, on obtient un mélange air + CO2 ou air +
N2 dont la concentration en oxygène sera d'autant plus réduite
que l'ajout de CO2 ou de N2 est plus important.
Cette diminution de concentration
d'oxygène dans l'air s'obtient en utilisant des extincteurs portatifs
et des installations fixes d'extinction au CO2 ou autres gaz
extincteurs substituts des halons. On réalise également l'inertage de silos agricoles en y injectant de l'azote en continu. A la pression
atmosphérique, l'homme peut difficilement respirer quand la
concentration de l'air en oxygène descend sous les 14 % en volume.
On peut constater expérimentalement
qu'il existe une limite de concentration d'oxygène sous laquelle la
combustion n'a plus lieu. Cette limite varie cependant avec la nature du
gaz ajouté à l'air et la nature du combustible:
COMBUSTIBLE |
Air + CO2 |
Air + N2 |
Acétone |
15,5 % O2 en volume |
13,5 % O2 en volume |
Benzène |
14% O2 en volume |
11% O2 en volume |
Méthane |
14,5% O2 en volume |
12% O2 en volume |
Oxyde de carbone (CO) |
8% O2 en volume |
5,5% O2 en volume |
Poussière d'aluminium |
3% O2 en volume |
9% O2 en volume |
Dans ce tableau on constate que la
combustion de l'acétone dans un mélange d'air + CO2 n'est
plus possible lorsque la quantité de CO2 ajoutée à l'air
est telle que la concentration d'oxygène descend sous 15,5 % en volume.
Les poussières d'aluminium peuvent encore brûler dans une atmosphère
qui ne contient que 9% d'oxygène. Ces valeurs n'ont rien d'absolu et
sont données à titre indicatif car elles dépendent des conditions
d'essai, de la source d'inflammation utilisée et de la turbulence du
combustible.
Mais la concentration d'oxygène ambiant peut augmenter par exemple lors d'une fuite d'installation ou de
bonbonne qui contient de l'oxygène dans une aciérie, un hôpital, un
bassin de natation, un poste de soudure. La température de flamme de
quelques gaz qui brûlent dans l'air ou l'oxygène est donnée ci-après:
GAZ COMBUSTIBLE |
Combustion dans l'air |
Combustion dans l'oxygène pur |
Propane |
1925 °C |
2850 °C |
Acétylène |
2325 °C |
3135 °C |
Hydrogène |
2045 °C |
2660 °C |
Cette propriété des gaz est utilisée
dans les chalumeaux employés pour les travaux de soudure et oxycoupage.
Les températures élevées de ces flammes sont la cause d'incendies
lors de travaux de soudure réalisés sans appliquer les procédures du
permis de feu.
Autre élément à ne pas négliger:
les corps gras s'enflamment spontanément en présence d'oxygène. C'est
la raison pour laquelle on ne graisse jamais les vannes d'oxyducs. Dans
ce cas, le triangle du feu se limite à un segment puisque la température
ambiante suffit pour initier une combustion.
Une augmentation de la pression
atmosphérique peut avoir comme conséquence d'augmenter la
vitesse de combustion:
Pression atmosphérique |
alcool |
MEK* |
coton |
1 hPa |
100 |
100 |
100 |
2 hPa |
129 |
133 |
134 |
3 hPa |
158 |
158 |
141 |
4 hPa |
181 |
220 |
179 |
* Méthyl-ethyl-cétone
Les valeurs ci-dessus ont été déterminées
en prenant 100 pour la vitesse de combustion à la pression atmosphérique
normale.
Tous ce qui a été dit ci-dessus tend
à mettre en évidence l'esprit critique qu'il y a lieu de développer
quand on aborde les conditions de naissance et d'évolution d'une
combustion initiale souvent confondue avec la cause de l'incendie.
L'APPORT
CALORIFIQUE
a) Température
La combustion d'un corps dans l'air
n'aura lieu que si la température de ce corps ou de l'air dépasse une
valeur critique. La température d'une ambiance ou d'un corps est très
difficile à déterminer et doit toujours être associée à un concept
d'incertitude, de marge d'erreur. L'élément de mesure, par sa seule présence,
perturbe la température qu'il est sensé mesurer. C'est ainsi qu'on
peut dire qu'un thermomètre, un thermocouple mesure sa propre
température. La température se mesure en Kelvins ou en degrés
centigrades; la littérature anglo-saxonne utilise encore les degrés
Fahrenheit du nom du verrier hollandais constructeur de thermomètres
fournisseur attitré des pays protestants.
La mesure d'une température permet
:
1.-D'évaluer
un risque de combustion: température
d'inflammation, point d'éclair, température d'auto-inflammation, température
de pyrolyse…;
2.-De
détecter un début d'incendie par des détecteurs d'incendie thermiques
ou thermovélo-cymétriques;
3.-D'initier
l'extinction automatique d'un début d'incendie par des sprinkler ou autre installation automatique d'extinction.
Notons
au passage quelques températures: cigarette: 300 °C, allumette 900 °C; arc électrique: 4000 °C, surface du soleil:
6000 °C. Vu la température d'une allumette, il n'est pas raisonnable
d'évaluer un incendie par une température. Un incendie est une
combustion dont l'importance, comme pour une chaudière, s'exprime par
sa puissance instantanée en MW.
Un incendie de local de séjour de
logement pourra atteindre une moyenne de 10 MW, un
incendie de voiture, 5 MW, un incendie de bâtiment
moyen, 300 MW et un grand incendie d'un complexe
industriel, près de 1.000 MW soit la puissance d'une
tranche de centrale nucléaire. Il y a donc une différence fondamentale
entre l'évolution d'un incendie exprimé en MW et l'évolution
du programme thermique d'un four d'essai, pour déterminer la résistance
au feu d'un élément de construction qui s'exprime en °C.
Dans le premier cas on a affaire à un incendie réel et, dans le second
à un feu qui ne simule qu'un des aspects de l'incendie.
Cette simulation d'incendie dans un
four de laboratoire d'essai est réalisée par un programme thermique
dont l'évolution est connue sous la désignation internationale
conventionnelle de courbes normalisées temps-température définies par différentes normes internationales et européennes.
Certaines simulent un feu normal (tel que défini dans
l'essai selon la norme NBN 713.020 qui décrit un four et son programme
thermique), d'autres simulent un feu d'hydrocarbure qui sert de référence
aux pétroliers, d'autres un feu pour compteur de gaz utilisé par les
gaziers.
Evolution d'un incendie réel
Courbe conventionnelle temps-température
La température anormalement élevée d'un objet par rapport à son
environnement peut être décelée par la détection de l' émission
thermique de cet objet dont une application pratique est la
thermographie utilisée, entre autres, pour localiser les points d'une
installation électrique qui présentent un échauffement anormal:
connexions défectueuses, échauffement d'un conducteur. Ces thermographies sont utilisées par certains assureurs pour localiser des défauts qui
peuvent donner lieu à incendie ou explosion. Un principe similaire à
la thermographie est exploité dans les caméras infrarouge utilisées par les services de secours pour localiser un corps humain,
des animaux ou un foyer dans un incendie ou des décombres.
b) énergie calorifique
L'unité d'énergie, qu'elle soit mécanique, calorifique ou électrique
est le Joule (J) qui vaut un Watt.seconde (1 J = 1Ws).
Le Joule a remplacé toutes les anciennes variantes de calories. Pour
enflammer un mélange gazeux, il suffit d'une fraction de millijoule.
Dans le domaine de l'incendie, les Allemands préfèrent utiliser le kWh
au lieu du Joule. 1 kWh égale 3,6 MJ. (1 kWh = 1000 W x 3600 s =
3.600.000 Ws = 3,6 MWs = 3,6 MJ).
c) Rayonnement
Une combustion peut également être initiée par un rayonnement qui
s'exprimera en W/cm2.
Le rayonnement calorifique émis par un corps A peut être déterminé
par la formule de Stefan-Boltzmann E = e.s.T4
E = rayonnement calorifique émis par le corps A en W/cm2;
e. = coefficient d'émission du corps A;
s = constante de Stefan-Botzmann égale à 5,67. 10 -12 W/cm2.K4;
T = température du corps A en Kelvins
Cette formule est utilisée, par exemple, pour déterminer la
distance entre bâtiments pour qu'un bâtiment A en feu transmette au bâtiment
B un rayonnement inférieur au nombre de W/cm2 susceptible de
provoquer une inflammation en B. On estime généralement cette valeur
à 1,25 W/cm2.
Ordre de grandeur de quelques rayonnements exprimés en W/ cm2:
0,07 |
Rayonnement moyen du soleil en été à la surface de la terre
en Belgique |
0,1 |
Rayonnement maximum qui peut être supporté indéfiniment par
l'homme |
0,5 |
Rayonnement maximum qui peut être supporté quelques secondes
par l'homme (env. 8 s) |
O,5 |
Rayonnement maximum qui peut être supporté par l'homme équipé
de vêtements d'intervention |
1 |
Rayonnement qui peut être supporté pendant un maximum de 3 s
par l'homme |
1,25 |
Rayonnement qui porte le bois à une température de 350 °C
et provoque sa pyrolyse sous une exposition de longue durée.
Les gaz de pyrolyse peuvent être enflammés par une flamme
pilote |
2,1 |
Rayonnement qui porte le PMMA (polymétacrylate de méthyle)
à une température de 270 °C et provoque sa pyrolyse sous une
exposition de longue durée. Les gaz de pyrolyse peuvent être
enflammés par une flamme pilote |
2,8 |
Rayonnement qui, sous une exposition de longue durée,
enflamme spontanément le bois sans présence de flamme pilote |
5 |
Rayonnement minimum qui enflamme spontanément, sans présence
de flamme pilote, tous les produits combustibles sous une
exposition de plus ou moins longue durée. |
|