Quelques témoignages qui prouvent bien que l'Etat
économise gros sur le dos des citoyens et ceci en pointant du doigt afin
de se justifier, la situation des personnes rejetées par le système. Des
démarches dignes d'une époque révolue, pour rabaisser
encore plus les pauvres et les acculer sans plus aucune aide...
tous
les jours il y a des politiques de toute l'Europe qui exposent leurs
idées lumineuses de retour au moyen âge rapidement. Ces monsieur
montrent bien que nous ne méritons aucun bénéfice des biens accumulés
depuis l'ère industriel !!! Du reste il se remet en place des nouvelles
astuces boursier comme avant et on voit très bien qu'ils continuent de
nouveau à appâter des pigeons avec des placements mirobolant, et les
chefs d'états et leurs sbires, personne n'a rien vu !! Tous les trois
ans, il y aura des cracs boursier, crises ou autres...appellations.
Les
familles, victimes de la précarité La pauvreté lausannoise est une
réalité d'autant plus méconnue que les statistiques fiscales sont
trompeuses. Dans les faits, Lausanne tire ses....
«Pour manger à
quatre, il nous reste 98 francs et 10 centimes pour le mois.» Au moment
de terminer le calcul de son budget, c'est un....
LAUSANNE : QUATRE CONTRIBUABLES
SUR CINQ ONT UN REVENU ANNUEL INFÉRIEUR À 70 000
FRANCS. Les familles, victimes de la précarité La
pauvreté lausannoise est une réalité d'autant plus
méconnue que les statistiques fiscales sont
trompeuses
LAUSANNE : QUATRE CONTRIBUABLES SUR
CINQ ONT UN REVENU ANNUEL INFÉRIEUR À 70 000 FRANCS.
Les familles, victimes de la précarité La pauvreté
lausannoise est une réalité d'autant plus méconnue
que les statistiques fiscales sont trompeuses. Dans
les faits, Lausanne tire ses revenus des entreprises
et de quelques hauts revenus. Interview de Silvia
Zamora. MICHEL PONT. Quatre Lausannois sur cinq
auraient droit, selon les normes cantonales, à
disposer d'un logement subventionné. Cette donnée
brute, rappelée depuis plusieurs mois par les
autorités lausannoises, suscite à chaque fois
l'étonnement. Le chiffre paraît énorme, donc
tronqué. C'est pourtant la froide réalité attestée
par les statistiques fiscales. Des 70 000
contribuables lausannois, quatre sur cinq ont des
revenus inférieurs à 70 000 francs (voir
infographie). On peut encore affiner ces chiffres et
relever que la moitié des contribuables lausannois
disposent de revenus de moins de 40 000 francs.
Conséquence, les demandes à l'aide sociale ne
cessent d'augmenter, de même que les coups de pouce
que la ville est en mesure de fournir, par exemple
avec son fonds du 700e de la Confédération, mis très
fortement à contribution l'an dernier pour plus de
600 000 francs. Au moment où la Confédération
réfléchit aux mesures à prendre pour soulager les
working poor, ces personnes qui gagnent un
salaire insuffisant pour subvenir à leurs besoins,
Silvia Zamora, directrice de la Sécurité sociale,
fait le point sur la situation lausannoise.-
Qu'est-ce qui a changé depuis quelques mois?-
Clairement, la situation s'aggrave pour les
personnes en difficulté. La crise du logement
accentue la précarité. Nous voyons arriver à la
Sécurité sociale des personnes qui, auparavant,
trouvaient encore des logements, mais pour qui c'est
désormais impossible.- Qui sont les principales
victimes de la précarité?- Les familles,
monoparentales ou non, avec enfants. Contrairement
aux idées reçues, les personnes à risques, pour
prendre cette expression, ne sont pas les individus
isolés.- Les statistiques fiscales montrent qu'il y
a une vraie pauvreté à Lausanne. On ne la voit pas,
pourquoi?- Les chiffres sont, en effet, trompeurs.
Lausanne accueille sur son sol de grandes
entreprises, nombre de cabinets d'avocats, de
médecins. Ce phénomène et l'existence d'une frange
de contribuables aisés (8% des Lausannois ont des
revenus supérieurs à 100 000 francs) font remonter
la moyenne, soit la capacité contributive par
habitant. Mais la réalité vécue par la majorité des
Lausannois est tout autre. Il y a donc une
distorsion entre les différentes catégories de
contribuables qui masque la réalité. Nulle part
ailleurs dans le canton qu'à Lausanne on côtoie des
appartements de haut standing comme à Rumine et les
studios minables de la Borde.- Un phénomène propre
aux grandes villes?- Je le pense. C'est dans les
centres urbains que les familles comptent trouver un
logement. Nous disposons tout de même d'un parc de
près de 7200 logements subventionnés. Nous disposons
aussi des structures d'accueil pour les enfants et
d'aides financières, comme le fonds du 700e, par
exemple, qui peut donner un coup de pouce aux gens
quand ils risquent d'être expulsés de leur logement
ou de leurs frais dentaires quand ils ne peuvent
plus les assumer. - On décrit souvent Lausanne comme
une ville habitée par des personnes âgées, des
étrangers et des étudiants. Un cliché qui correspond
à la réalité?- Lausanne attire forcément ce public.
C'est vrai que nous aidons beaucoup de familles
étrangères. Parce qu'elles sont d'autant plus
fragilisées, par manque de formation. Ces personnes
travaillent, mais ont un revenu insuffisant. Quand
la Migros dit assurer des salaires qui ne sont
jamais inférieurs à 3000 francs, je note qu'une
famille avec 3000 francs de revenu, cela signifie
dans les faits être pauvre.- La pression est donc
forte sur les pouvoirs publics?- Je la ressens de
plus en plus fortement. On peut nous critiquer, nous
demander d'être plus stricts, parler de contrats de
prestation. Mais tout cela ne tient pas compte de la
réalité quotidienne. L'agressivité augmente aussi
parce que les personnes en difficulté ne savent plus
à qui s'adresser.- Le nombre de chômeurs diminue
pourtant.- Oui, on le voit avec les chiffres du
Revenu minimum de réinsertion. Mais l'aide sociale
distribuée augmente. Et Lausanne doit assumer ses
responsabilités. D'ailleurs, ce qu'on nous reproche
est souvent contradictoire, soit on juge que nous en
faisons trop, soit c'est l'inverse. Certains ont la
mémoire courte. Lors des grands froids avant Noël,
on nous a reproché les gens dans la rue, le fait de
ne pas avoir de Samu social notamment. En été, les
sans-abri existent toujours, mais cela n'intéresse
plus personne. Je regrette que les réactions soient
trop souvent émotionnelles, liées à des situations
individuelles. Comme autorité, notre action doit
rester constante, et faire que les gens puissent
nouer les deux bouts.- L'urgence ces semaines, c'est
quoi?- Aujourd'hui, la question qui se pose pour
nous est de savoir comment répondre à la crise du
logement qui fait que même les logements
subventionnés sont introuvables. C'est le rôle de la
ville d'assumer les plus faibles de ses citoyens. Si
Lausanne ne le fait pas, personne le fera. Les gens
seraient laissés à l'abandon. En terme de
conséquence sociale, d'augmentation de la violence,
cela pourrait être dramatique.
Privés d'aide financière, il leur
reste 98 fr. pour manger ce mois-ci
«Pour manger à quatre, il nous reste 98 francs et 10
centimes pour le mois.» Au moment de terminer le calcul de son
budget, c'est un sentiment de révolte qui anime Anne Graber.
«Quelqu'un peut-il me dire comment on va faire? Peut-être
M.Longchamp (ndlr: chef du Département genevois de la solidarité et
de l'emploi)?»
Cette Suissesse de 51 ans vit
dans un petit immeuble locatif à Onex avec ses deux enfants, 12 et
20 ans, et son compagnon, Grégory, 36 ans. Avec son emploi dans une
banque et son salaire de 4300 francs net, rien ne laissait présager
qu'elle témoignerait un jour au nom de ces familles qui n'arrivent
plus à joindre les deux bouts. La crise, le chômage longue durée de
son compagnon, des primes d'assurance maladie qui explosent, et
voilà le résultat.
La nouvelle est tombée il y a quelques jours comme
un couperet: Grégory, qui ne touche plus d'indemnités chômage depuis
ce mois, ne bénéficiera pas du revenu minimum cantonal d'aide
sociale. «Ils ont additionné mon salaire et la moitié de celui de
mon aîné, apprenti, qui n'est pas l'enfant de mon compagnon. Du
coup, on gagne 200 francs de trop pour y avoir droit, c'est
tellement injuste.» Pour le ménage genevois, victime du fameux
«effet de seuil», ce sont 2700 francs de rentrées mensuelles qui
s'envolent.
L'horizon proche, pour eux, c'est la spirale de
l'endettement. La famille vient d'emprunter 5000 francs pour des
dépenses de santé: il faudra sortir 333 francs chaque mois pour
rembourser. Chaque facture imprévue se transforme en casse-tête:
«Nous devions payer la dernière mensualité du leasing de notre
voiture, et voilà qu'on nous réclame un montant résiduel de 2500
francs.»
Chaque carte de crédit sera tirée à son extrême
limite. Mais déjà le couple ne peut plus faire face aux dépenses
courantes. Il vient de demander au fisc une remise d'impôts pour
juin et juillet. Il va demander une aide financière pour son loyer
de 1740 francs. Les courses? C'est une fois par semaine, avec de la
viande rouge pour un seul repas. Plus de voyages depuis quelques
années déjà.
Leur seul espoir: que Grégory trouve un travail.
Cet ancien employé de commerce a une formation complémentaire en
informatique. Il fait des offres comme veilleur de nuit, à la
voirie, dans la sécurité. Sans succès. «Je veux bien aller vider les
poubelles, mais on ne veut pas de moi.» Il risque de se retrouver
bientôt aux poursuites, ce qui l'empêchera de décrocher un job.
«C'est le cercle vicieux.»
Tensions dans le couple
Ces déboires créent des tensions au sein du
couple. «On se bouffe le nez.» Chez Grégory, ils se traduisent par
un état d'abattement. «Sans Anne, je ne me lèverais même plus le
matin. A quoi bon?» Sa compagne, elle, veut se battre. Elle est
révoltée contre les gouvernants qui «abandonnent les familles
suisses et déroulent le tapis rouge aux frontaliers». Elle vient
d'envoyer une lettre virulente au conseiller d'Etat François
Longchamp. C'est elle aussi qui a voulu témoigner: «Pour moi, c'est
une façon de ne pas couler.» «Et de dire que ça n'arrive pas qu'aux
autres, dans les autres pays!» complète Grégory.
Bas salaires à l'aide sociale:
des employeurs en cause WORKING POOR
Un quart des personnes dépendantes de
l' aide sociale en Suisse ont un travail dont il
faut compléter le revenu trop peu élevé pour couvrir
leurs besoins fondamentaux.«Le Matin Dimanche» a
obtenu des décomptes accablants pour certains
employeurs.Les patrons rejettent l'idée d'un salaire
minimum légal.Ludovic Rocchi [email protected]
La traque des abus à l'aide sociale s'est imposée
comme un des thèmes de l'été.Surtout depuis que la
dernière statistique nationale a révélé à fin juin
que le nombre d'assistés continue d'augmenter.Mais
personne ou presque ne rappelle que plus d'un quart
des assistés sont des gens qui ont un travail
insuffisant pour vivre aux normes minimales.Dans
leurs cas, les abus seraient plutôt à rechercher du
côté de l'économie.
«Nous voyons passer des cas où les gens sont
vraiment très mal payés.Mais notre marge de man?uvre
est réduite auprès des employeurs, surtout dans les
secteurs non conventionnés», témoigne Yves Scheurer,
chef du Service de l'action sociale à La
Chaux-de-Fonds.Pour «Le Matin Dimanche», il a
accepté de dévoiler le décompte précis de personnes
assistées qui travaillent pourtant à plein-temps.
Plus d'aide que son propre salaire! On y découvre
par exemple un couple avec deux jeunes enfants, où
seul le père travaille.Ouvrier en équipe à l'usine,
il doit toucher près de 960 francs d'aide par mois
pour remplir les «besoins fondamentaux» calculés
pour sa famille.Idem pour un couple avec un bébé: le
salaire du mari (serveur) doit être complété de près
de 670 frs par mois (lire les encadrés pour le
décompte précis).
Autre exemple: un homme seul, employé chez un
déménageur, est tellement mal rétribué (917 frs par
mois) qu'il reçoit une aide (964 frs) supérieure à
son salaire!
Comment réagir face à de tels cas? Explications
d'Yves Scheurer: «Nous dénonçons les abus manifestes
au Service de l'emploi.Mais vis-à-vis des personnes
touchées, notre rôle n'est pas de leur conseiller de
quitter leur emploi parce qu'ils sont trop mal
payés.Quant aux couples avec enfants en bas âge où
un seul parent travaille, nous nous devons de
respecter ce choix.Une fois que les enfants vont à
l'école, nous essayons de voir si l'autre parent ne
peut pas aussi travailler».
Telle se présente la réalité de ceux qu'on appelle
les «working poor».Dans les statistiques de l'aide
sociale, 27,5% d'assistés sont dits «actifs».Plus de
la moitié n'a qu'un job à temps partiel,
essentiellement des mères divorcées.Mais il reste un
bon 40% de gens aidés qui travaillent à plein-temps,
comme les exemples que nous avons recueillis à La
Chaux-de-Fonds.
Maillard réfute ce fatalisme Pour éviter que l'Etat
social ne subventionne les secteurs mal payés de
l'économie, faut-il introduire un salaire minimum?
«Ce n'est pas une solution.Un Smic à la française ne
fait que tirer les salaires moyens vers le bas»,
tranche Chantal Balet à economiesuisse.Mais que dire
aux familles avec un seul salaire qui ne suffit de
toute évidence pas à s'en sortir avec le niveau de
vie en Suisse? «Ce ne devrait pas être à la
collectivité d'assumer toutes les décisions
individuelles, qu'il s'agisse d'avoir des enfants ou
de divorcer», plaide Pierre Weiss, directeur à la
Fédération des entreprises romandes.Il ajoute qu'il
«faut accepter la réalité économique: certains
emplois sont peu rentables et peuvent nécessiter une
aide sociale.Augmenter ces salaires équivaudrait à
provoquer la fermeture ou la délocalisation des
entreprises».
Responsable de l'aide sociale dans le canton de
Vaud, le socialiste Pierre-Yves Maillard réfute ce
fatalisme des patrons et esquisse une solution: «Il
faudrait augmenter encore les allocations familiales
et prévoir des prestations complémentaires pour les
parents à bas salaires.Ce serait une bien meilleure
solution que de faire passer les working poor à
l'aide sociale, qui coûte très cher à distribuer, vu
les contrôles à effectuer».Et Pierre-Yves Maillard
de confirmer l'ampleur du problème: les working poor
font davantage augmenter le budget de l'aide sociale
vaudoise que les chômeurs...Y
Les abus de la part d'employeurs hélas
existent.Ouvriers, déménageurs, voici quelques
exemples et témoignages de working poor receuillis
par «Le Matin Dimanche».
.Ludovic Rocchi [email protected] La
traque des abus à l'aide sociale s'est imposée comme
un des thèmes de l'été. Surtout depuis que la
dernière statistique nationale a révélé à fin juin
que le nombre d'assistés continue d'augmenter. Mais
personne ou presque ne rappelle que plus d'un quart
des assistés sont des gens qui ont un travail
insuffisant pour vivre aux normes minimales. Dans
leurs cas, les abus seraient plutôt à rechercher du
côté de l'économie.
«Nous voyons passer des cas où les gens sont
vraiment très mal payés. Mais notre marge de
man?uvre est réduite auprès des employeurs, surtout
dans les secteurs non conventionnés», témoigne Yves
Scheurer, chef du Service de l'action sociale à La
Chaux-de-Fonds. Pour «Le Matin Dimanche», il a
accepté de dévoiler le décompte précis de personnes
assistées qui travaillent pourtant à plein-temps.
Plus d'aide que son propre salaire! On y découvre
par exemple un couple avec deux jeunes enfants, où
seul le père travaille. Ouvrier en équipe à l'usine,
il doit toucher près de 960 francs d'aide par mois
pour remplir les «besoins fondamentaux» calculés
pour sa famille. Idem pour un couple avec un bébé:
le salaire du mari (serveur) doit être complété de
près de 670 frs par mois (lire les encadrés pour le
décompte précis).
Autre exemple: un homme seul, employé chez un
déménageur, est tellement mal rétribué (917 frs par
mois) qu'il reçoit une aide (964 frs) supérieure à
son salaire!
Comment réagir face à de tels cas? Explications
d'Yves Scheurer: «Nous dénonçons les abus manifestes
au Service de l'emploi. Mais vis-à-vis des personnes
touchées, notre rôle n'est pas de leur conseiller de
quitter leur emploi parce qu'ils sont trop mal
payés. Quant aux couples avec enfants en bas âge où
un seul parent travaille, nous nous devons de
respecter ce choix. Une fois que les enfants vont à
l'école, nous essayons de voir si l'autre parent ne
peut pas aussi travailler».
Telle se présente la réalité de ceux qu'on appelle
les «working poor». Dans les statistiques de l'aide
sociale, 27,5% d'assistés sont dits «actifs». Plus
de la moitié n'a qu'un job à temps partiel,
essentiellement des mères divorcées. Mais il reste
un bon 40% de gens aidés qui travaillent à
plein-temps, comme les exemples que nous avons
recueillis à La Chaux-de-Fonds.
Maillard réfute ce fatalisme Pour éviter que l'Etat
social ne subventionne les secteurs mal payés de
l'économie, faut-il introduire un salaire minimum?
«Ce n'est pas une solution. Un Smic à la française
ne fait que tirer les salaires moyens vers le bas»,
tranche Chantal Balet à economiesuisse. Mais que
dire aux familles avec un seul salaire qui ne suffit
de toute évidence pas à s'en sortir avec le niveau
de vie en Suisse? «Ce ne devrait pas être à la
collectivité d'assumer toutes les décisions
individuelles, qu'il s'agisse d'avoir des enfants ou
de divorcer», plaide Pierre Weiss, directeur à la
Fédération des entreprises romandes. Il ajoute qu'il
«faut accepter la réalité économique: certains
emplois sont peu rentables et peuvent nécessiter une
aide sociale. Augmenter ces salaires équivaudrait à
provoquer la fermeture ou la délocalisation des
entreprises».
Responsable de l'aide sociale dans le canton de
Vaud, le socialiste Pierre-Yves Maillard réfute ce
fatalisme des patrons et esquisse une solution: «Il
faudrait augmenter encore les allocations familiales
et prévoir des prestations complémentaires pour les
parents à bas salaires. Ce serait une bien meilleure
solution que de faire passer les working poor à
l'aide sociale, qui coûte très cher à distribuer, vu
les contrôles à effectuer». Et Pierre-Yves Maillard
de confirmer l'ampleur du problème: les working poor
font davantage augmenter le budget de l'aide sociale
vaudoise que les chômeurs... Y
PAUVRETÉ |
Des jeunes, des vieux, des
étrangers, des Suisses: ils sont de plus en plus nombreux à
recourir à l’Association caritative lausannoise, qui manque
de forces pour répondre à la demande. Reportage.
Les premiers ont
déjà pris place sur le muret extérieur du bâtiment. Un
caddie à commissions dans une main, des sacs en papier
encore vides dans l’autre. En silence, ils attendent de
recevoir le carton qui les aidera à se nourrir pour
quelques semaines. Des jeunes, des vieux, des étrangers,
des Suisses. La pauvreté ne choisit pas sa cible.
Comme chaque jeudi, les Cartons du Cœur
distribuent les denrées alimentaires de première nécessité à soixante familles
lausannoises. Derrière la porte du local de l’association, les bénévoles
s’activent. Sur les étagères, chaque carton a son destinataire. Une simple
feuille blanche scotchée indique le nom, le prénom, et le nombre de personnes de
la famille. La distribution débute à 16 h. Un par un, des hommes et des femmes
franchissent la porte du local.
1000 familles par année Route de Genève 52, à l’abri des regards, la file ne
cesse de s’allonger. Avec les années, l’association est, bien malgré elle,
victime de son succès. «Il y a sept ans, nous donnions une vingtaine de cartons
par semaine. Aujourd’hui, nous avons triplé ce nombre, et aidons environ 1000
familles par année. Malheureusement, la crise devrait encore augmenter la
demande», présume Gisela Raeber, responsable relations publiques. Alors, malgré
les 70 bénévoles de l’association, les bras commencent à manquer sérieusement.
Au tour de Carine, une Suissesse d’une
trentaine d’années. Tout en remplissant son cabas, elle accepte de se confier.
Pas question de cacher une situation qui pourrait frapper n’importe qui. Loin du
cliché du pauvre, Carine travaille comme soignante à 80%. Mais, depuis son
divorce, les difficultés ont commencé. Des dettes laissées par son mari, et des
fins de mois où le frigo fait désormais grise mine. «J’ai deux filles, une de
12 ans et l’autre de 6 ans. Aujourd’hui, nous devons manger, c’est pour ça que
je suis là.»
Quelques minutes auront suffi à remplir
ses cabas. Il faut laisser la place aux suivants. Cachée derrière son voile, une
femme vient faire le plein de nourriture. Ce qu’elle ne mange pas, elle le
repose. Pas de saucisson pour elle, religion oblige. Un concentré de soupe en
boîte s’ajoute à un pesto de la gamme de luxe de la Migros. Le contenu des
cartons varie au gré des dons…
Une vie qui bascule
Dans le couloir, les nationalités se conjuguent à l’infini.
Environ 60% d’étrangers s’adressent aux Cartons du Cœur. Les autres sont des
familles suisses ou parfois des étudiants, nous explique-t-on. «Selon
l’actualité internationale, nous voyons cependant arriver certaines communautés.
Depuis le début de l’année, une vingtaine de Somaliens nous ont demandés de
l’aide», précise Nicole Meylan, responsable de la distribution.
Le défilé se poursuit entre rires et
larmes. Un homme fixe le sol du regard. Jeans, jolie veste. Il y a encore un an,
il avait un bon job dans le milieu sportif. Mais récemment, sa femme s’est aussi
retrouvée au chômage. «Les services sociaux nous aident, mais nous avons un
appartement trop cher, plus de 2000 francs, et nous ne trouvons pas d’autre
logement. C’est une situation difficile. On réalise que la vie peut basculer
rapidement.»
Aux Cartons du Cœur, la discrétion est
élevée au rang de doctrine. Pas de longs questionnaires ni d’interrogatoires
pour obtenir les précieuses denrées. «Les gens nous appellent et s’inscrivent
pour recevoir un carton. Nous leur demandons simplement s’ils ont des allergies,
si leur religion les empêche de manger certains aliments, et quelle est leur
situation familiale pour adapter le contenu», explique Gisela Raeber,
responsable des relations publiques.
L’association se veut avant tout une
aide ponctuelle. Les demandeurs ont donc droit à trois cartons par année, à un
mois d’intervalle minimum. «Certaines familles nombreuses tentent de venir
chaque semaine. Mais les «abus» restent minoritaires», précise Nicole Meylan,
responsable de la distribution. «Nous ne voulons pas juger les personnes qui
demandent de l’aide. Et il ne faut pas oublier que venir faire la file pour
obtenir de la nourriture est déjà difficile et humiliant.»
Il y a encore cinq ans, les Cartons du
Cœur demandaient une pièce d’identité et un extrait du bail à loyer. Une
pratique abolie après avoir réalisé que cela n’empêchait pas les éventuels
resquilleurs.
Un vaste réseau de récolte
Principe de base des Cartons du Cœur:
la collecte de marchandises à la sortie des supermarchés. Grâce aux dons des
clients, 75% des denrées nécessaires pour la section lausannoise sont ainsi
récoltées. Si les donateurs jouent très bien le jeu, les produits offerts
restent peu diversifiés.
La Centrale alimentaire Région
lausannoise vient alors compléter les besoins. Celle-ci est chargée d’acquérir
et de distribuer des denrées à une vingtaine d’associations de la région. «Les
supermarchés nous donnent des stocks arrivant aux dates limites de consommation.
Nous ne distribuons évidemment pas de denrées avariées, mais un paquet de pâtes,
par exemple, peut être consommé si la date est juste dépassée», explique Daniel
Furer, président de la section lausannoise. Les Cartons du Cœur reçoivent aussi
l’aide de bouchers qui livrent, entre autres, des saucissons mal calibrés ne
pouvant être vendus. Destiné à offrir une alimentation de première nécessité
pour trois à quatre semaines, un carton est toujours complété de produits frais.
«Nous avons plusieurs maraîchers qui offrent régulièrement des cageots de fruits
ou de légumes.» Enfin, le solde (œufs, brosses à dents, etc.) est alors acheté
par l’Association grâce aux dons d’argent récoltés toute l’année.
Le nombre de «fins de droit» à
l'assistance a pris l'ascenseur
Paru le Mardi 12 Août 2008
MICHEL SCHWERI
AIDE SOCIALE - Les dossiers d'assistance
diminuent à l'Hospice général, mais le nombre de
chômeurs en fin de droit est en forte hausse.
Le nombre de personnes à l'assistance sociale baisse
à Genève depuis la seconde moitié de 2007. En effet,
lors de la présentation des résultats du dernier
exercice annuel de l'Hospice général, ses
responsables avaient noté avec satisfaction une
réduction de 378 dossiers d'assistance financière
enregistrés en décembre 2007 par rapport au même
mois de l'année précédente. Pourtant, la lecture du
rapport annuel paru depuis révèle une hausse des
dépenses totales de prestations de 252 millions de
francs en 2006 à 279 millions en 2007. Dans le
détail, chaque catégorie d'aide sociale augmente,
sauf les versements aux requérants d'asile qui
baissent de 4 millions. Ainsi, les postes de
l'assistance publique financière proprement dite et
du RMCAS (Revenu minimum cantonal d'aide sociale)
passent de 197 millions en 2006 à 228 millions en
2007. Ils s'inscrivent dans une hausse continue
depuis des années, hormis un coup de frein donné en
2006 par l'introduction des nouvelles normes de
calcul des aides financières. Donc, 31 millions de
dépenses supplémentaires pour 400 dossiers en moins?
Yves Bieri, du Service communication de l'Hospice,
démêle le paradoxe. L'institution tient plusieurs
statistiques, comptabilisant par moment les dossiers
familiaux et d'autres fois le nombre de personnes
aidées, tantôt en chiffres absolus en fin de mois ou
d'année, tantôt en moyennes mensuelles ou annuelles,
explique-t-il en substance. Mais l'évolution des
dépenses doit être rattachée au nombre moyen de
dossiers sur l'année et non aux «instantanés» de fin
de mois.
Tendances contradictoires
Un retournement de tendance, comme en 2007, peut
ainsi faire apparaître une diminution du nombre de
dossiers en fin d'année, tout en maintenant une
moyenne annuelle élevée et des dépenses en
conséquence. De plus, la population inscrite à
l'Hospice est mouvante: quelque 450 fermetures de
dossiers et presque autant de nouvelles demandes
sont déposées chaque mois, dont environ 300 sont
admises. Le tout donne une image brouillée, voire
contradictoire, à décortiquer dans le détail.
Concernant les dossiers de conseil social, sans aide
financière, la tendance récente est à la hausse.
Après une diminution continue entre 2004 et 2007, le
nombre de personnes concernées remonte de 2379 en
janvier 2008 à 2842 à fin juin.
Effet retard
Pour l'assistance financière seule, l'évolution est
inverse. Le nombre de dossiers, de personnes et le
total des aides versées montent depuis des années.
Après un pic à presque 13 000 personnes enregistré
dans les premiers mois de 2007, la progression se
tasse et s'inverse même dans le second semestre pour
inscrire une moyenne annuelle de 12 676 personnes.
Cette évolution différenciée aboutit aux 160
millions de francs de dépenses de ce poste, en
hausse de 9 millions par rapport à 2006. La décrue
des dossiers d'assistance se poursuivant en 2008, le
tassement correspondant des débours s'inscrira aux
comptes de cette année, conclut Yves Bieri.
Enfin, les chômeurs en fin de droit, recevant le
RMCAS, sont en nette augmentation en moyenne
annuelle depuis 2004. Plus précisément, les chiffres
enregistrés révèlent clairement une accélération
entre juin et décembre 2006. L'effectif du RMCAS est
passé de moins de 1000 dossiers (1800 personnes) à
1339 dossiers pour 2500 personnes en six mois, et se
stabilise depuis autour de ces chiffres. Il s'agit
là des conséquences du raccourcissement de la
couverture fédérale de deux ans à dix-huit mois
accordée aux chômeurs. En francs, cette coupe dans
les droits des chômeurs représente une hausse des
dépenses cantonales de 26 millions en 2005 à 39
millions en 2007. I