Les deux zones principales, stockage et préparation de
commandes, ayant été définies avec leur amont et leur aval, il convient
maintenant de préciser les zones annexes et de consolider l'ensemble
dans une implantation générale.
Un auteur hollandais écrivait récemment que les magasins d'hier étaient
conçus en terme de compacité alors que les entrepôts de demain devraient
l'être en terme de réactivité. Cela paraît éminemment discutable. Les
deux objectifs, non seulement ne sont pas incompatibles, mais au contraire
la diminution bien comprise des distances et des volumes devrait améliorer
les temps de réponse.
1. LE STOCKAGE DES PALETTES
VIDES
Bien que les assureurs répugnent à voir un stock de palettes vides à
l'intérieur de l'entrepôt, l'exploitation exige un « minimum vital ».
Il y a lieu de leur prévoir une zone spécifique où elles seront stockées
provisoirement, gerbées au sol ou en palettier (la solution la plus
dangereuse en terme de risque d'incendie). Le système d'extinction automatique
sera particulièrement soigné à cet endroit (e.g. sprinkler ESFR notamment).
ATTENTION !
: Risques importants de basculement lors du transport des piles
de palettes -> Ecartement et sens d'introduction des fourches et vitesse
adaptée.
Voir illustration et pages du site.
2. LES ALLÉES DE CIRCULATION
Les allées destinées à la circulation simultanée des hommes et des engins
doivent avoir des largeurs minimales pour assurer la sécurité des personnes.
Dans le cas du passage d'un seul engin, la largeur de l'allée doit être
égale à la largeur de celui-ci augmentée d'un mètre. Dans le cas où
deux engins peuvent se croiser, la largeur de l'allée doit être égale
à la somme des largeurs des deux chariots augmentée de 1,40 mètre.
Sur certains sites, les responsables de la sécurité interdisent purement
et simplement la cohabitation des engins et des piétons. Cette obligation
conduit au doublement de certaines voies de circulation et à la mise
en place de barrières de sécurité ou de passerelles.
3. LES CIRCULATIONS DE SÉCURITÉ
Les circulations de sécurité peuvent influencer le projet d'implantation
du nouveau magasin par les contraintes qu'elles imposent. Elles sont
conçues pour permettre l'évacuation du personnel en cas de sinistre.
La largeur de ces allées doit être au moins de 80 centimètres. Il est
fortement conseillé par ailleurs que ces passages soient eux-mêmes protégés
par une rambarde, si elles empruntent le même parcours que les allées
de circulation d'engins. Aucun point de l'entrepôt et notamment du palettier
ne doit être éloigné de plus de 40 mètres d'une issue de secours. Cette
disposition peut imposer la neutralisation d'emplacements de stockage
au niveau du sol dans le palettier, pour créer un passage d'au moins
80 centimètres de large aboutissant aux issues. Par ailleurs, ces passages
doivent être balisés et munis d'une protection haute prévenant la chute
d'objets stockés aux niveaux supérieurs.
4. LES MAGASINS TRAVERSANTS ET LES QUAIS DÉPART
Exceptionnellement, les quais départ peuvent être situés sur la façade
opposée à celle des quais d'arrivée. La seule justification à une séparation
des deux quais est l'interdiction de faire se côtoyer des articles en
entrée qui n'ont pas encore subi les contrôles voulus et des articles
au départ. Cette disposition est quelquefois imposée dans des entrepôts
pharmaceutiques notamment ceux qui ne maîtrisent pas encore parfaitement
l'identification automatique; ce qui va logiquement de pair avec la
gestion physique de la quarantaine.
Intellectuellement, il est tentant de concevoir un cheminement des flux
en ligne droite : arrivée, stock de masse, stock avancé et départ ;
malheureusement il n'y a aucune justification économique à cette disposition.
En effet, qu'il s'agisse de structures comme le quai, la zone de manœuvre
des véhicules, ou d'équipements de manutention, chariots ou transpalettes,
l'arrivée et le départ exigent le même type de moyens. Par ailleurs,
l'arrivée et le départ ont naturellement lieu à des périodes différentes
de la journée. Si ce n'était pas le cas, il demeure toujours possible
d'imposer certains horaires aux transporteurs.
Ainsi, des investissements lourds comme les quais pourront être amortis
beaucoup plus rapidement, puisque sollicités plus longtemps dans la
journée. Les chariots et transpalettes ne seront pas non plus prévus
en double ou occupés à des va-et-vient stériles entre les deux zones
d'arrivée et de départ. Aucune synergie n'est possible dans les solutions
traversantes.
146
Le magasin traversant présente d'autres inconvénients. Les gains en
déplacement, que l'on peut attendre d'un zonage par classes ABC, sont
considérablement réduits sinon nuls puisque pour tous les articles la
somme des trajets d'entrée et des trajets de sortie est constante.
Une livraison immédiate (cross docking) doit, dans le cas d'un magasin
en " I ", traverser tout le magasin ; alors que pour un magasin en "U"
les articles ne quittent pas les quais.
Dans le cas du magasin traversant, l'annulation d'une commande qui survient
alors que la préparation est terminée impose une nouvelle traversée
inutile pour revenir à la zone d'entrée.
Cela vaut aussi pour les hommes, bien sûr, puisque l'activité est la
même. Enfin, le nombre de magasiniers et préparateurs ne justifie généralement
pas deux structures d'encadrement ; aussi la hiérarchie sera-t-elle
plus proche de ses équipes si les quais d'arrivée et départ sont confondus
ou mitoyens. Cette disposition ne doit pas entraîner pour autant des
croisements de flux. Au lieu d'être en ligne droite, le magasin sera
en "U". H est à noter que, lorsque le magasin nécessite de nombreux
quais, certains d'un côté peuvent être affectés en permanence aux arrivées,
ceux du côté opposé aux départs. Ceux du milieu seront utilisés alternativement
pour une activité ou l'autre, en fonction des heures et des besoins.
5. LES LOCAUX TECHNIQUES
Un entrepôt nécessite quelques annexes techniques, et la conception
doit leur réserver les surfaces correspondantes et les implanter judicieusement.
5.1 Local de charge batteries
Beaucoup d'entrepôts ne disposent pas d'un local affecté à cet usage.
Les chargeurs sont installés dans un coin du magasin. Quelquefois même
les chariots à grande hauteur ne peuvent pas approcher cette zone et
les batteries doivent, à chaque cycle, être extraites des équipements
et transportées à proximité des chargeurs. Cela entraîne un manque de
productivité certain et la quasi-impossibilité d'entretenir correctement
le sol du magasin à cause des débordements d'acide.
Un entrepôt bien conçu doit disposer d'un local spécifique. Il devra
être à proximité immédiate du magasin pour éviter toute perte de temps
et, dans le cas d'utilisation de chariots électriques à grande hauteur,
permettre à ceux-ci de rentrer dans le local sans exiger des surélévations
de toiture trop conséquentes. Les chargeurs seront fixés au mur ou posés
sur des socles, à une hauteur ergonomique qui permette des lavages aisés
du sol. Le sol et le bas des murs, jusqu'à une hauteur d'au moins 40
centimètres, auront un revêtement anti-acide.
Enfin, la surface du local et son implantation rationnelle autoriseront
la libre circulation de n'importe quel chariot, alors que les autres
sont stationnés et en charge.
147
La sécurité impose, par ailleurs, d'autres contraintes qui seront développées
dans le chapitre consacré à ce sujet.
Une nouvelle génération de batteries, les batteries au gel devrait permettre,
à court terme, de s'affranchir de bon nombre de ces contraintes. Ce
point sera développé plus loin.
5.2 Local de maintenance
Comme dans toute unité industrielle, il est conseillé de prévoir un
(ou plusieurs si le site est d'importance) atelier de maintenance et
un stock avancé de pièces détachées propres aux équipements du magasin.
Sa surface sera au minimum de l'ordre de 15 à 25 mètres carrés.
Si la conception s'oriente vers un stockage à grande hauteur, il sera
judicieux de penser à un treuil accroché en toiture et destiné aux montages
et démontages éventuels des mâts de chariots. D'une capacité de l'ordre
de cinq tonnes, il s'agira d'un investissement peu coûteux s'il est
prévu dès l'origine. Ce point ne fait pas forcément double emploi avec
celui à prévoir au quai d'arrivée. Cela dépend de la distance séparant
les deux zones.
53 Local informatique
La nécessité d'un local informatique dépend de l'autonomie de l'entrepôt
ou de son appartenance à un site déjà pourvu. S'il existe déjà sur le
site une salle informatique, le calculateur de gestion du magasin y
sera le bienvenu. Dans le cas contraire il y a lieu de prévoir une implantation
locale. De toute façon un certain nombre de terminaux écrans claviers
et d'imprimantes devra être implanté sur place.
5.4 Local électrique
Les puissances électriques a mettre en œuvre justifieront sans doute
l'implantation d'un local de distribution électrique, voire d'une sous-station
moyenne tension.
5.5 Local des équipements de sécurité
Si le stockage est à grande hauteur, quel que soit l'avis des administrations
locales compétentes et des pompiers responsables, les assurances exigent
de plus en plus souvent un réseau automatique de protection incendie
à eau pulvérisée sous pression (sprinkler).
148
Non seulement les rampes d'aspersion ont une répercussion sur le volume
même du palettier ; mais l'installation d'un tel système nécessite un
local réservé aux groupes compresseurs et une réserve d'eau, dite «
inépuisable » extérieure ou de plus en plus souvent intérieure. Elle
devra bien sûr être maintenue hors gel si elle est installée à l'extérieur.
5.6 Compacteur
Dans la majorité des magasins, le traitement des emballages et palettes
perdues s'impose. Il y a donc lieu de prévoir les surfaces nécessaires
au stockage provisoire de ces déchets et à l'installation éventuelle
d'un système de compactage. L'incinération locale est désormais interdite.
L'existence de volumes significatifs de déchets plastiques imposera
sans aucun doute une benne spécialisée et un tri amont.
5 Divers
Si l'entrepôt est complètement autonome, il peut être nécessaire de
prévoir d'autres locaux comme une chaufferie, etc.
6. LES BUREAUX ET SALLES DE RÉUNION
Un certain nombre de bureaux doit être prévu à proximité immédiate du
magasin et si possible dans le même bâtiment. Ils devront abriter :
• le responsable
• les magasiniers chargés de tâches administratives
• les employés chargés des opérations douanières
et éventuellement :
• l'adjoint du responsable
• le secrétariat
• les représentants détachés par les transporteurs (régulateurs),
Les normes habituelles des surfaces de bureaux vont, suivant la rigueur
des sociétés, de 9 à 12 mètres carrés par personne. Le bureau du responsable
aura de 15 à 20 mètres carrés pour l'accueil des visiteurs et la tenue
de réunions de travail.
Un site important peut nécessiter une ou deux salles de réunion.
Le chapitre « ressources humaines » donne une idée du personnel à prévoir.
149
7. LES LOCAUX SANITAIRES ET SOCIAUX
La conception ne devra pas oublier l'utilité ou l'obligation de disposer
sur le
site de :
« salle à manger éventuelle (avec un moyen de réchauffer des repas)
ou une
unité de restauration à moins qu'un restaurant d'entreprises mutualisé
existe à proximité, sur la zone industrielle
• vestiaires
• douches,
• W.C.
(Pour ces trois fonctions, il faut tenir compte de l'éventuelle mixité
des équipes qui peut amener au doublement des installations.)
• salle de repos (avec une machine à café et un coin fumeurs) pour les
magasiniers
• un local par syndicat avec, de préférence, un accès par l'extérieur.
La conception et le dimensionnement de tous ces locaux doivent respecter
les instructions du code du travail et sont de la compétence d'un architecte
ou d'un bureau d'études spécialisé et non plus d'un logisticien. Pour
les chauffeurs, la réglementation exige maintenant un local spécifique
conçu pour le repos. Cette salle devra donc être située à proximité
des quais et avoir un accès par l'extérieur.
8. L'IMPLANTATION GÉNÉRALE
8.1 La multiplicité des solutions
Chaque atelier ou zone ayant été dimensionné, le travail va consister
maintenant à les juxtaposer de la façon la plus judicieuse possible.
L'équipe de conception doit s'attendre à dessiner et redessiner de multiples
implantations du magasin projeté. Il est courant d'avoir entre dix et
vingt solutions successives. Elles vont permettre de comparer les circulations,
les taux d'occupation, les performances permises aux différents engins
de manutention, l'esthétique du bâtiment, les surfaces respectives des
différents scénarios, etc. Le découragement ne doit pas être de mise.
La figure 13.1 montre l'implantation d'un modeste entrepôt.
Fig.13.1 Implantation de magasin
8.2 L'indice
II existe un outil méthodologique qui aide à comparer les performances
de plusieurs solutions : il s'agit de l'indice logistique.
Cet indice se calcule, pour chacun des flux principaux, en multipliant
le nombre d'unités de manutention par la distance moyenne parcourue.
Pour chaque solution, on additionne les indices de tous les flux pour
obtenir un indice global.
La comparaison des indices globaux des différentes solutions permet
de juger celles qui paraissent les plus pertinentes.
150
9. CAS PARTICULIERS
Sans aborder le problème de lieux de stockage tout à fait spéciaux comme
ceux accueillant des explosifs ou des carburants, certains centres de
distribution moins extraordinaires présentent néanmoins des contraintes
spécifiques comme les entrepôts frigorifiques, les entrepôts pharmaceutiques
ou les entrepôts de denrées animales destinées à la consommation.
9,1
Les entrepôts frigorifiques
Les entrepôts
frigorifiques, notamment ceux qui accueillent des produits surgelés
à - 27°C (ce qui implique des zones à - 30°C, voire moins) présentent
les particularités suivantes :
• les aciers utilisés doivent correspondre à la gamme de température
sinon ils sont cassants
• les lubrifiants utilisés doivent aussi être adaptés
• les serrages doivent tenir compte de la construction des matériaux
lors de la
mise en froid.
Ces trois points techniques sont beaucoup moins contraignants qu'on
pourrait le penser de prime abord. Quelques grands constructeurs possèdent
suffisamment de références dans le domaine du froid et du grand froid
pour rassurer quant à la faisabilité des projets et quant à leur compétence.
Les problèmes d'installation sont moins connus et sans doute plus gênants
en particulier pour les opérations de maintenance ou d'extension. En
cas d'intervention dans un local grand froid deux points sont à observer
:
• les matériaux à mettre en œuvre devront être préalablement mis en
température
• les ouvriers doivent revenir dans une ambiance à température normale
dix minutes toutes les heures.
Ces deux contraintes ont un impact sur les temps de montage de façon
significative et donc, ipso facto, les coûts.
9.2 Les entrepôts pharmaceutiques
Les problèmes spécifiques de l'entrepôt pharmaceutique semblent être
plus d'ordre culturel que technique. L'industrie pharmaceutique a été
pionnière dans la maîtrise de la qualité et comme tous ceux qui ont
été en avance sur leur temps, elle présente une certaine tendance à
s'endormir sur ses lauriers.
151
Par ailleurs, le temps qui sépare la découverte d'une molécule et la
délivrance de l'autorisation de mise sur le marché correspondante est
de l'ordre de dix ans. Ce « time to market » extrêmement long (presque
trois fois celui de l'industrie automobile qui est déjà considérable)
donne à la profession une échelle des temps notoirement atypique. Ce
qui explique, sauf exception bien sûr, des retards sensibles dans la
reconnaissance du métier de logisticien et de son importance dans la
chaîne complète, dans les moyens mis en œuvre pour assurer la traçabilité,
dans l'utilisation généralisée de l'identification automatique, etc.
Historiquement enfin, il s'agissait d'un métier n'ayant pas de contraintes
économiques fortes, même si cela tend à disparaître. Aussi, est-il quelquefois
difficile, dans cette profession, de justifier des solutions automatiques
en invoquant seulement la notion de retour sur investissement.
En dehors de cet environnement culturel un peu particulier, il existe
des contraintes de procédure. Celles-ci sont codifiées dans les « Bonnes
Pratiques de Distribution », texte élaboré par la profession et l'Agence
du médicament. Hormis quelques points particuliers, la rédaction de
cette réglementation s'exprime plus en obligation de résultats qu'en
obligation de moyens. Théoriquement donc cela laisse le champ libre
à la créativité du concepteur. À noter, une nouvelle contrainte qui
impose que l'entreposage des produits pharmaceutiques ne se fasse pas
à une température supérieure à 25°C.
9,3 Les entrepôts de denrées animales
Dans le même esprit que les BPD mentionnées ci-dessus, le Ministère
de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation a édicté l'arrêté
du 3 avril 1996 fixant les conditions d'agrément des établissements
d'entreposage des denrées animales et d'origine animale. Ce texte rappelle
notamment, dans ses annexes, les températures maximales autorisées en
fonction de la nature des produits.
Un certain nombre d'associations professionnelles ont élaboré un guide
.des bonnes pratiques logistiques pour les denrées périssables et autres
produits alimentaires en flux tendus. Ce texte est disponible auprès
de l'ALESIAL dont les coordonnées sont mentionnées au chapitre des adresses
utiles. Il est orienté transport mais l'entrepôt s'interface fortement
avec le transport aussi ce document peut-il intéresser le concepteur.
152
Études
de cas de
Hytrol Page test 21/07/2004
/etudesde_casloghytrol_fr_usa/etudesde_casloghytrol_fr_usa.php
/1easbay_etcas_log_fr.php
remonter
04.11.2010 18:09:27
|